Quelle place prévoir pour les combattants des groupes armés dans l’armée nationale du Mali ?
Selon la coordination des mouvements de l’azawad, « cette question ne constitue pas une priorité ».
C’est ce qu’a déclaré aujourd’hui le porte parole des mouvements. Il répondait au ministre de la réconciliation qui a déclaré que les combattants des groupes rebelles pourraient intégrer l’armée régulière.
« L’intégration des éléments des mouvements armés au sein de l’armée malienne reste possible, mais à condition qu’ils se démarquent des groupes jihadistes ». Voilà ce qu’a déclaré le ministre de la réconciliation. Selon Zahabi Ould Sidy Mohamed « la duplicité ne peut pas continuer. C’est aux groupes armés d’ afficher une position claire ». Le ministre a aussi précisé que les combattants qui ne sont nullement accusés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité pourraient être concernés par cette réinsertion.
Pourtant cette déclaration ne fait d’effet au sein des mouvements de la coordination. Ceux-ci ne considèrent la réinsertion des combattants comme une priorité. Selon Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune porte parole de la coordination des mouvements de l’azawad « il est inopportun de parler de cette intégration, car elle constitue un petit élément ». Pour lui « des grandes questions en suspens comme la dénomination et le statut de l’azawad doivent d’abord être réglées ».
Pour Aziz Diallo, spécialiste des questions de sécurité, « la réintégration des groupes armés est bien faisable, mais elle doit faire l’objet d’une réflexion approfondie ». Selon lui, « seule la signature d’un accord de paix pourrait faciliter cela, car elle permettra de faire la différence entre combattants rebelles et jihadistes narco-trafiquants ».
« Seul l’accord de paix permettra de faire le distinguo entre les différents groupes, savoir qui est narco-trafiquants, qui cherche autre chose. Pour la réintégration, on a vu que par le passé il y a eu des intégrations, mais il faudra réfléchir à qui va être intégrer ? où est- ce qu’on va les intégrer ?comment on va les intégrer. Il y a deux aspects du problème. Il faut intégrer les combattants, récupérer leurs armes, leur donner du travail mais il y a aussi l’autre pan du problème c’est-à-dire intégrer les groupes armés mais aussi trouver de l’emploi pour les jeunes qui font rien, car ils sont des proies faciles. Ce que le ministre a dit est faisable, mais ça mérite une réflexion approfondie, donc ne pas se précipiter ».