Le Président de la République Ibrahim Boubacar Keïta va participer à la marche républicaine prévue demain à Paris en hommage aux victimes de l’attentat contre le magazine «Charlie Hebdo». IBK qui devrait quitter Bamako ce soir, sera aux côtés de plusieurs autres chefs d’État et de gouvernement.
En participant à cette marche, le Président IBK veut apporter son soutien à la France, dont les forces sont présentes au Mali pour bouter les terroristes hors du territoire malien.
Le Président malien ne sera pas seul aux côtés de son homologue Français à cette manifestation. Il y aura également son homologue du Niger Mahamadou Issoufou et plusieurs autres chefs dirigeants européens. Dans une allocution télévisée, François Hollande a remercié hier tous les chefs d’État qui lui ont exprimé leur solidarité.
La France a été durement frappée par une attaque terroriste ce mercredi. Deux individus armés se sont introduits dans le siège du plus grand journal satirique du pays, « Charlie Hebdo » et tués 12 personnes. Hier, Les présumés auteurs de la tuerie ont été tués au cours d’un assaut des unités d’élite de la police française, à Dammartin-en-Goële, à quelques 40 km au nord-est de Paris.
Pour beaucoup d’observateurs le Mali doit manifester son soutien à la France qui est un pays ami. Cependant ils demandent au chef de l’Etat d’accorder la même importance aux problèmes maliens qu’à ceux de la France. Baba Dakono, juriste chercheur est joint au téléphone par Mouhamadou Touré.
« Aujourd’hui que la France soit frappée par un drame lié au terrorisme, c’est normal que le Mali manifeste son soutient et montre à la France qu’il est tout aussi engagé à ses cotés dans le cadre de cette lutte. Mais par rapport au contexte, quelques jours avant ce qui s’est passé à Charlie-Hebdo, à Nampala l’armée malienne a été victime d’un attentat où il y a eu plus de 8 morts. Et quelques jours après, il y a eu encore une autre attaque à Ténenkou. On est dans un contexte, où le Mali même souffre de ce terrorisme. Et on voit rarement le président manifesté sa solidarité auprès des victimes sur le plan national. Donc de ce point de vue, c’est perçu un peu comme un président trop rattaché à la France par rapport à son pays ».
Quelles peuvent être les conséquences de cette situation ?
« L’enjeu pour lui, c’est qu’il va engager le peuple maliens dans les accords bientôt. Et les conséquences seraient justement que les décisions qu’il va prendre pour engager le Mali ne soient pas partagées par les concitoyens. »
Les journalistes maliens manifestent eux-aussi leur solidarité à l’endroit des confrères du Journal « Charlie Hebdo ». La maison de la Presse a ouvert ce matin un livre blanc dans lequel les hommes de médias ont apposé leur signature pour condamner l’assassinat des confrères français. Ibrahim Famakan Coulibaly, Président de l’Union Nationale des Journalistes du Mali (UNAJOM) au micro de Mouhamadou Touré.
« La tuerie qui a eu lieu dans la rédaction de Charlie Hebdo, dont plusieurs de nos confrères ont été assassinés interpelle l’ensemble des démocrates du monde entier. Surtout, l’ensemble des journalistes du monde. Cette solidarité, elle est agissante. Cette solidarité doit être manifestée en tout temps et en tout lieu. Surtout que cette sauvagerie, cette barbarie qui a eu lieu, aujourd’hui c’est la France demain ça peut être ailleurs. Donc il faut que nous restons soudés, solidaires les uns envers les autres. Nous, on est nés dans l’islam. On nous a toujours dit que c’est une religion de tolérance, de paix, de ne jamais tuer, de ne jamais faire de mal. Mais nous assistons à une pratique qui déroute surtout les jeunes. Donc il faut que les uns et les autres se ressaisissent pour donner une bonne image à cette religion et aussi dans l’intérêt de la société. »