Le Président Ibrahim Boubacar Keita achève aujourd’hui sa visite de 72 heures en Algérie. Hier, IBK a rencontré le Premier ministre puis le président algérien Abdelaziz Bouteflika. Le projet d’accord de paix paraphé le 1er mars par le gouvernement du Mali et les mouvements de la plate-forme étaient au centre des discussions.
Dans une interview accordée à la télévision algérienne, IBK a qualifié l’accord de paix, paraphé par le gouvernement et les mouvements de la plate-forme, de « modèle de réconciliation et de paix ». Pour lui cet accord « équilibré » « ouvre des voies nouvelles ».
Le président malien a aussi rassuré que le Mali fera tout pour tenir ses engagements avec la plate-forme, déjà signataire du document. Pour ce qui est des groupes rebelles de la Coordination qui ont refusé de parapher le document, IBK croit à un fléchissement de leur position actuelle. Il s’est déclaré «optimiste » sur ses « frères qui n’ont pas compris l’urgence d’accepter cet accord ».
L’objectif désormais pour le président, est de « reconstruire l’Etat malien, rebâtir et développer le pays pour que chacune des parties se sente fière de son appartenance ». IBK a aussi salué l’action de l’Algérie pour les efforts déployés, ajoutant qu’il ne s’était pas trompé en demandant à ce pays de prendre la tête de la médiation.
Du côté de la Coordination des Mouvements de l’Azawad, on partage l’optimisme du Président de la République. Selon le porte parole des mouvements rebelles, la Coordination reste disposée au dialogue et attend que la médiation lui propose un format, un lieu et une date.
Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, porte parole de la coordination, joint par Sékou Gadjigo.
« Cet optimisme, nous le partageons avec le Président de la République. Il se trouve qu’après la rencontre de Kidal nous avons écouté avec intérêt la déclaration du gouvernement et même celle de la médiation internationale. Aujourd’hui, la situation est telle que nous attendons juste le format qui va être défini par la médiation, le format, le lieu et la date. Et la Coordination des Mouvements de l’Azawad est entièrement à la disposition de la médiation internationale pour affronter cette question. Quand à l’optimisme, nous le partageons, nous sommes aussi optimistes quant à arriver à un accord global et définitif de cette crise. La CMA a posé quelques problèmes qui peuvent être regardés, mais elle n’a jamais dit que l’accord qui a été proposé n’est pas un accord. Comme l’a dit le Président, il est peut-être équilibré, mais il y a des questions pertinentes qui avaient été soulevées. Malgré tout la Coordination des Mouvements de l’Azawad réitère sa disponibilité et son écoute à la médiation internationale. Pour l’instant nous en sommes là ».
La Pate-forme des groupes armés met en cause la CMA. Selon ses responsables en décidant de ne pas parapher le projet d’accord d’Alger, la Coordination « s’exclue volontairement du processus de paix ». Selon Me Harouna Toureh porte parole de la plate-forme, son mouvement tend toutefois la main aux groupes armés de la coordination et appelle « la CMA à reconsidérer sa position pour donner une chance à la paix ».
Me Harouna Toureh, au micro de Oumar Waigalo.
« Ils auraient pu comprendre que les négociations allaient s’arrêter définitivement à partir du 1er mars. Ils ont eu suffisamment de temps pour comprendre que les négociations ne peuvent perdurer indéfiniment. Ils devraient donc en conséquence prendre toutes les dispositions pour que leur revendication ou leur vision, ne serait-ce qu’en partie, puisse-être prise en compte dans le cadre des négociations. Ils ont tout raté parce que dès le début ils sont venus avec un seul projet. C’est un projet politique qui ne parle que d’indépendance et de fédération. Quand il leur a été demandé de parapher ce document, ils se sont abstenus délibérément de le parapher. L’erreur monumentale consiste pour eux de s’être volontairement exclus du champ contractuel que nous venons de faire à Alger ».