Les gouverneurs des deux nouvelles régions administratives de Taoudénit et Ménaka créées dans le nord du pays ont été nommés, lors du dernier conseil des ministres. Une décision justifiée par les autorités maliennes comme conforme aux accords de paix qui prévoient une décentralisation accrue.
Selon un communiqué du Conseil des ministres , les régions de Taoudénit et Ménaka créées en 2012, seront dirigées respectivement par Abdoulaye Alkadi, membre de l’aile pro-gouvernementale du Mouvement arabe de l’Azawad et Daouda Maïga, qui dirigeait le Programme intégré de développement rural de la région de Kidal, financé par des bailleurs étrangers. La région de Taoudénit faisait partie de celle de Tombouctou, tandis que celle de Ménaka était partie intégrante de Gao. Avec le nouveau découpage, le Mali compte désormais dix régions: Ségou, Mopti, Sikasso, Gao, Tombouctou, Kidal, Koulikoro, Kayes, Ménaka, et Taoudénit, en plus du district de Bamako, également dirigé par un gouverneur. Pour le nouveau gouverneur de Taoudénit, Abdoulaye Alkadi, l’accord « a prévu dans les régions la mise sur pied d’une administration provisoire mais ça n’a rien à voir avec les gouverneurs ». « Il fallait nommer ces gouverneurs avant la mise en place des autorités transitoires » en vertu de l’ accord de juin dernier. Cet accord, prévoit l’installation dans le Nord d’autorités de transition formées de représentants des parties signataires, mais à terme le pouvoir dans les régions sera détenu par le président du Conseil régional élu.
Les autres circonscriptions non concernées par ce redécoupage territorial et qui attendent toujours, expriment leur « incompréhension ». Un élu local , membre de l’Association des Maires du Mandé estime que « les défis du développement existent partout au Mali ». Kanimakan Camara a été joint au téléphone par Famoussa Sidibé :
« Notre surprise a été grande quand nous avons appris que Taoudéni et Ménaka sont devenues des régions et pour nous on en parle pas. C’est une surprise et je n’arrive pas à comprendre. Très sincèrement c’est difficile à comprendre étant entendu que nous avions les mêmes circonscriptions qui attendent d’être érigées en région pour être beaucoup plus efficace dans le développement. Aujourd’hui le besoin se pose plus que jamais pour que le Mandé en tant qu’une entité puisse être une région. Nous avons pratiquement les mêmes réalités, que ça soit les secteurs économiques et culturels, le Mandé est pratiquement dans une aire géographique qui pourrait être plus efficace si elle était érigée en région ».
Pour les groupes armés ces nominations sont une bonne chose. Selon Firhoune Maïga un responsable de la Plateforme, le gouvernement est maintenant engagé sur la bonne voie concernant la mise en œuvre de l’accord de paix. Il est joint au téléphone par Famoussa Sidibé :
« Pour nous c’est une avancée considérable dans la mise en œuvre du processus. L’état malien est de plus en plus en train de répondre et de remplir ce qui est sa part et je pense que c’est quelque chose à saluer. La Plateforme se réjouit de la nomination des deux gouverneurs des deux régions et je pense que les prochaines régions viendront, parce que le découpage est quelque chose qui est perçu dans le processus et je pense qu’à ce niveau là il y a d’autres régions qui seront créées au Sud. Mais ça va amener les populations à se dire que bon nous avons une région, nous sommes engagés pour la sécurité de notre région. Ça va baisser d’un cran les aspects sécuritaires et ça va aussi diminuer certaines velléités ».