Le 26ème Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine a débuté aujourd’hui dans la capitale éthiopienne. Il doit durer deux jours. Plusieurs questions, dont le terrorisme, sont à l’ordre du jour des débats entre les dirigeants africains.
Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, participe à ce sommet au moment où le Nord du pays et plusieurs localités du centre font face à une recrudescence d’attaques terroristes.
Avant l’arrivée des chefs d’Etat et de gouvernement africains, les ministres des affaires étrangères ont commencé à débattre des dossiers chauds qui agitent le continent. Lors de cette grand-messe, le Zimbabwéen Robert Mugabe passera le flambeau de la présidence de l’UA au Tchadien Idriss Déby Itno.
Au total quatre points sont inscrits à l’ordre du jour des échanges des dirigeants africains. Mais cette année, la question de la lutte contre le terrorisme prendra une intensité particulière. Plusieurs pays africains, notamment dans le Sahel, font face à la menace jihadiste. Au cours de ce sommet, les dirigeants africains vont tenter d’apporter une réponse à la menace qui frappe le continent.
Au Mali, les récentes attaques dans plusieurs localités ont plongé le pays dans une situation sécuritaire fragile.
Le jeudi dernier quatre militaires maliens ont été tués dans deux attaques distinctes à Tombouctou et près de Gao. Un militaire, qui était au volant d’un véhicule, a été tué par balle lors d’une embuscade dans la périphérie de la ville de Tombouctou. Aussi, le même jour, au moins trois militaires ont péri dans l’explosion d’un engin au passage de leur véhicule à 37 km de Gao.
Pour le président IBK, présent à ce sommet, ces attaques sapent le processus de paix au Mali. Selon le chef de l’Etat malien, la réponse à la menace terroriste doit être commune.
Le chef de l’Etat malien s’est exprimé sur la situation sécuritaire dans le pays. Le président Ibrahim Boubacar Keïta a regretté les attaques terroristes intervenues ces derniers temps, et a déclaré qu’elles constituent « un frein à l’accord de paix ». Il s’est exprimé chez nos confrères de RFI :
« Je dis que la paix est encore à faire au Mali. Nous avons un accord de paix que toutes les parties s’accordent à mettre en œuvre. Mais les terroristes ont dit non, et ils agissent au quotidien. On a entendu les hommes d’Al-Qaïda proférer des menaces. Mais pas que des menaces, aujourd’hui ils attaquent. A Kidal ils attaquent quotidiennement nos frères du MNLA, qui sont aujourd’hui dans l’accord de paix avec nous. Donc, nous sommes concernés aujourd’hui. Et, quelle singularité malienne d’ailleurs, qu’hier nous étions face à face, nous sommes aujourd’hui côte à côte. Pour relever ce défi-là, qui est un frein à notre effort de paix, ,il l’unité d’action.
Il y a également ce fléau auquel les effets ont toujours fait en sorte que l’on lui prête attention : le narcotrafic. De plus en plus, il est international et il s’invite dans nos débats, mêmes politiques. Donc je mets en garde contre ce fléau-là. Et, je remercie également pour tous les engagements fabuleux dont le Mali a été l’objet au cours de ces années de tourmente. Également les soutiens lors de l’attentat contre le Radisson Blu, contre la Terrasse, toutes choses qui nous ont beaucoup touché ».
Pour certains observateurs « l’Union Africaine a échoué à asseoir la sécurité dans les pays africains ». Ces observateurs regrettent « l’absence de volonté politique affichée de l’organisation à faire face aux enjeux du terrorisme » dans plusieurs pays du Sahel.Toutefois, reconnaissent-ils, « l’Union africaine a connu une certaine autonomie sous l’égide de Nkosazana Dlamini Zuma », présidente sortante de la Commission.
Pr. Issa Ndiaye est philosophe, chargé de cours à l’Université de Bamako. Il est joint au téléphone par Ayouba Sow :
« Aujourd’hui quand on regarde la présence des troupes étrangères, il y a près de dix mille soldats français en Afrique et près de cent mille soldats étrangers en Afrique. Ça veut dire que les questions de sécurité en Afrique ne sont pas prises en charge par les Africains, mais sont assurées par l’extérieur. Ce ne sont pas des questions simplement d’ordre militaires, ce sont aussi des décisions économiques, or l’Afrique n’est pas souveraine économiquement. Puisqu’elle n’a pas la souveraineté de ses matières premières, de ses ressources ».
Quel appui pourra apporter l’Union Africaine au Mali dans sa lutte contre le terrorisme ?
« Ça va être des déclarations de bonnes intentions, mais dans la pratique tant que les Africains ne se donneront pas les moyens d’assurer par eux-mêmes leur sécurité, le problème restera entier. La plupart du temps, les armées africaines sont conçues pour le maintient de l’ordre, pour neutraliser d’éventuelles émeutes populaires ou tenir en respect les opposants. C’est un changement radical qu’il va falloir envisager dans ce point de vue. Et bâtir des forces de sécurités capables d’assurer la sécurité des pays concernés ».