En confirmant la reprise de l’école à Kidal le 19 octobre, la mission d’évaluation technique pour le retour de l’administration dans le nord veut faire de cette date un symbole du retour des services de l’Etat dans le septentrion. Cette rentrée devra se faire en dépit d’énormes problèmes logistiques, et d’un important déficit d’enseignants.
Selon OCHA, 454 écoles dans au moins 60 communes des régions de Gao, Kidal, Mopti, Ségou et Tombouctou n’ont pas pu fonctionner normalement en 2014 et 2015. Certaines sont fermées depuis le début de la crise en 2012, et d’autres l’ont fait suite à la dégradation de la situation sécuritaire cette année. C’est le cas à Nampala et à Tenenkou.
Dans la région de Kidal, le personnel de l’administration scolaire est absent et aucune école n’est officiellement ouverte. Dans certaines zones touchées par le conflit, les enseignants, même lorsqu’ils sont présents, ne travaillent pas de peur de représailles.
Dans les 3 régions du Nord, on estime les déficits en enseignants à près de 400. A Kidal les efforts de sensibilisation des organisations humanitaires ont déjà commencé à porter leurs fruits. Deux écoles occupées par les groupes armés à Tessalit ont été libérées. A ce jours, cinq établissements scolaires demeurent occupés par les groupes armés dans le Nord.
Par ailleurs, selon les informations transmises par OCHA, quatre écoles ont rouvert le 2 octobre à Kidal avec une cinquantaine d’élèves par classe.
Pour certains responsables de la Coordination des mouvements armés , les récentes missions dans la région de Kidal sont « un signal », et « une volonté exprimée » des deux mouvements à s’inscrire dans la dynamique de la paix et de la réconciliation. Selon eux, « la priorité d’un retour à la paix, reste l’éducation ».
Idriss Ali Amaha est l’un des responsables de la CMA. Il était l’invité de notre émission « Grand Dialogue » d’hier :
« La bonne nouvelle pour tous les Maliens, c’est ce que tout le monde se retrouve encore une fois. J’espère que c’est pour la bonne cause et que ce soit plus sérieux que les fois précédentes. Car on a eu malheureusement plusieurs fois des accords où les gens ont eu des difficultés après. Tout le monde a compris aussi que le gouvernement de la République du Mali a le bon sens, et que la plupart des mouvements ont compris que l’État a une volonté de trouver une solution pour le problème du Nord. L’État vient d’envoyer des gens au Nord, ce qui est très important pour nous. Ce qui l’est plus c’est surtout sur le plan éducatif où des spécialistes ont été envoyés et qui font un très bon travail. Ce qui a suivi après, ce sont les retrouvailles des mouvements à Anefis où ils sont en train d’élaborer un accord final entre eux, et j’espère que les choses iront dans le bon sens pour tout le monde, s’il plaît à Dieu ».
Pour la Plateforme, « ce qui se passe dans le processus est la suite logique des prises de contact et concertations qui ont eu lieu à Bamako avec des responsables de la CMA ». Selon Ibrahim Diallo l’un des responsables de la Plateforme, « c’est aux groupes armés de concrétiser la paix sur le terrain ». Il était également l’un des invités de notre émission « Grand Dialogue » d’hier :
« Pour une fois, je pense que les fils du Nord se sont mis, d’ailleurs, au dessus de l’accord de paix, en décidant de se retrouver sans le protocole habituel , c’est à dire sans la médiation, sans les forces d’interposition, pour discuter entre frères de leurs problèmes et des solutions à apporter pour une bonne vie. C’est plus qu’une décrispation. Ce sont les enfants d’une même famille qui se retrouvent et qui élaborent les règles au sein de leurs familles pour une vie meilleure. Cela surprend peut-être ceux qui ne sont pas au fait des choses, mais nous qui vivons ensemble ici Bamako, nous savons que les signaux sont partis de Bamako et se sont transportés sur le terrain à Anefis. Donc, ce qui se passe à Anefis n’est qu’une suite logique des événements qui ont eu lieu à Bamako.
Pour ce qui concerne la situation sur le terrain : l’école, les services sociaux de base, l’eau, la santé, etc. Tout ce qui manque, le gouvernement est en train d’aller dans le bon sens. C’est le cas même des enfants maliens, quelque soit ce qui est advenu, ils ne méritent pas de rester comme ça ».