L’organisation a publié aujourd’hui son rapport annuel. Le constat de l’ONG reste préoccupant. L’organisation estime que le conflit armé interne et l’instabilité se sont intensifiés. Le recensement des atteintes aux Droits de l’Homme et au liberté que fait Amnesty ne montre pas d’évolution favorable à la restauration de la stabilité au Mali.
Pour Amnesty, l’instabilité s’est étendue depuis le nord jusqu’au centre du pays et un nombre croissant de groupes armés ont mené des attaques. La mise en œuvre de l’Accord de paix d’Alger, a été entravée par leur prolifération. En raison du conflit, plus de 135.000 Maliens restent réfugiés dans les pays voisins. Les attaques de groupes armés contre la MINUSMA se sont multipliées. Plus de 62 attaques ont ainsi été menées durant l’année 2016. Des mines terrestres utilisées par les groupes armés ont tué et mutilé des civils ainsi que des membres des forces de maintien de la paix et des forces de sécurité. A cette situation se sont ajoutés les enlèvements de deux expatriées, Béatrice Stockly, et Sophie Pétronin.
Par ailleurs l’ONG dénonce des exécutions extrajudiciaires des forces de sécurité et des forces internationales pour des accusations liées au terrorisme. Amnesty indique que la Commission vérité, justice et réconciliation, créée en 2014 pour enquêter sur les graves violations des droits humains commises entre 1960 et 2013, n’était toujours pas opérationnelle fin 2016. L’organisation évalue à 33.000 le nombre de Maliens encore déplacés à l’intérieur du pays en raison du conflit, tandis qu’environ 3 millions de personnes sont exposées à l’insécurité alimentaire, dont plus de 423.000 à un degré de gravité élevé.
Enfin Amnesty signale également que près de 300 sur environ 2 400 écoles des régions de Gao, Kidal, Ségou et Tombouctou ont été fermées pour des raisons d’insécurité, sans que des solutions alternatives ne soient proposées.
Selon les responsables d’Amnesty Mali, ce rapport évoque les principaux motifs d’inquiétude et appelle à l’action. Toutefois malgré la dégradation de la situation des droits de l’homme, l’organisation souligne que des progrès ont été enregistrés au Mali.
Salif Fofana Directeur exécutif par intérim d’Amnesty Mali au micro de Mouhamadou Touré :
“Les progrès pour le Mali se résument à un certain nombre de choses. Il y a la mise en place de la commission Vérité, Justice et Réconciliation. Il s’agit maintenant de rapprocher cette institution aux communautés de base pour enquêter sur les violations commises pendant la période indiquée. Ensuite, il y a l’ouverture du procès du Général Sanogo, ça aussi, c’est un espoir. En terme des droits des femmes, vous avez la loi 052 relative à la promotion du genre qui a permis d’élire aujourd’hui plus de 2800 conseillères. L’adoption du projet de loi relative aux défenseurs des droits humains est aussi un espoir.
Les défis sont très énormes. Il y a le regain d’insécurité. Vous avez la difficulté pour la mise en place des autorités intérimaires. Il y a également l’absence des femmes au niveau de ces autorités intérimaires. Je dirai absence parce que même s’il y a quelques femmes, elles sont très rares. Il y a également le conseil national d’entente qui vient de commencer, la société civile n’a pas très bien été consultée. Nous constatons qu’il y a très peu de femmes au niveau de ce conseil national également ”.
Au même moment, le Mali a été considéré comme pays prioritaire par Amnesty International. Ce qui signifie que l’organisation va beaucoup plus se focaliser sur le pays concerné par les questions de droits de l’homme. Selon ses responsables, un projet devrait bientôt être lancé dans ce sens.