Une recrudescence d’attaques terroristes sévit aux frontières Mali-Niger-Burkina. Cinq gendarmes nigériens ont été tués tôt lundi et un autre grièvement blessé, au cours d’une attaque « d’éléments terroristes » dans la région de Tillabéri dans l’ouest nigérien proche du Mali et du Burkina. Cette nouvelle attaque alourdit le bilan des victimes des groupes terroristes dans le pays. Au moins 48 soldats nigériens ont été tués entre octobre 2016 et mars 2017 dans cette région frontalière.
Un détachement de la gendarmerie de la localité de Wanzarbé a été attaqué par un regroupement d’éléments terroristes lundi tôt dans la matinée. Le ministère nigérien de la défense a déploré cinq morts et un blessé grave. Wanzarbé, la localité où s’est déroulée l’attaque est située dans le département de Bankilaré, qui fait partie des sept départements de l’ouest nigérien proches du Mali et du Burkina Faso. C’est dans cette zone que le gouvernement a décrété le 3 mars « l’Etat d’urgence » face à l’ampleur des attaques de « terroristes » attribuées à des groupes jihadistes maliens liés notamment au Mujao. Mi-mars 2016, trois gendarmes nigériens avaient déjà été tués dans cette même zone, au cours d’une attaque attribuée par les autorités à Al-Qaïda au Maghreb islamique.Ce dimanche, onze militaires maliens ont été tués et cinq autres ont été blessés au cours d’une attaque contre la base militaire de Boulkessi, dans le centre du Mali, près du Burkina Faso. L’attaque a été menée par le groupe du jihadiste Ibrahim Dicko, qui dirige Ansarul Islam, un mouvement terroriste. Ce groupe a revendiqué plusieurs attaques ces derniers mois dans le nord du Burkina. Écumées par des bandes armées, les zones nigériennes proches du Mali et du Burkina sont considérées comme très dangereuses. En janvier, le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont décidé de créer une Force tripartite sur leur frontière commune, « en passe de devenir un sanctuaire de groupes terroristes et de criminels en tous genres« .
Certains observateurs estiment que les pays concernés n’ont pas pris des mesures adéquates pour mieux se préparer. Selon eux, la solution est de tout faire pour gagner la confiance des populations, afin de lutter contre le terrorisme.
Brema Ely Dicko est spécialiste des questions sécuritaires est joint au téléphone par Assetou Kanté :
« Ce n’est pas une première fois, depuis plus d’une année, on sait qu’il y a des groupes violents qui sévissent dans ces zones, que ça soit vers la frontière avec le Burkina ou avec le Niger. Mais je pense que les différents États n’ont pas forcement pris de mesures contre le phénomène. Ils n’ont pas collaboré ensemble à temps. Et donc les groupes ont eu l’occasion de se restructurer. Avec la porosité des frontières, on n’a pas forcement des forces, pour mettre les différents pays en alerte, collaboré et faire en sorte d’endiguer le fléau. Ces différentes réunions, il y en a toujours, il y en aura beaucoup. Mais le problème dans ce cas, c’est que nous avons une vision trop militaire de la sécurité. Et on oubli à chaque fois d’assister les populations qui sont les premières victimes. Et une des solutions, je pense que c’est assez simple, c’est d’aller au niveau locale, de gagner la confiance des populations et que nos différentes forces ne soient plus assimilées à des forces d’oppressions. Que les populations puissent dire qui collabore avec les groupes et qui ne collabore pas avec les groupes ».