Des milliers d’ânes sont tués chaque année en Afrique et au Mali pour leurs peaux. Celles-ci sont exportées souvent illégalement vers la Chine pour les besoins de la médecine traditionnelle. Le négoce hors-la-loi a fait augmenter le prix des ânes, renforçant d’autant l’appétit des trafiquants. Au Mali la découverte régulière d’abattages clandestins inquiète de plus en plus.
Aux yeux des trafiquants, la peau des ânes est devenue une matière première très recherchée. Au même titre que la défense d’éléphant ou la corne de rhinocéros. Selon les spécialistes de cette filière, si la peau des ânes n’a absolument aucune valeur commerciale en Afrique, la gélatine qu’elle contient est très prisée des médecins traditionnels chinois pour traiter l’anémie et la ménopause.
Elle est administrée sous forme de boisson et même servie avec des noix et des graines en guise d’apéritif. La viande d’âne alimente elle les restaurants du nord de la Chine. Ce commerce international se chiffre en millions de dollars, selon les experts.
Principale consommatrice, la Chine a vu sa population d’ânes chuter: de 11 millions de têtes dans les années 1990 à 6 millions en 2013. Alors que les amateurs d’ « ejiao » le médicament traditionnel élaboré à partir des ânes se sont tournés vers l’Afrique pour satisfaire une demande qui, elle, n’a pas fléchi. La Chine produit 5.000 tonnes de « ejiao » chaque année, ce qui nécessite environ 4 millions de peaux. Victimes eux aussi d’une chasse aux ânes qui décime leur cheptel, le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal ou le Niger ont, eux, décidé d’interdire leur exportation vers l’Asie.
Selon les responsables de la direction nationale du commerce et de la concurrence, aucune loi n’interdit la vente de la peau d’ânes au Mali. Toutefois, ils estiment que compte tenu de l’ampleur du phénomène, le ministère de l’élevage a pris récemment un arrêt interdisant l’abattage des ânes. Mais ces mêmes sources affirment qu’un arrêté ne peut pas contredire un décret.