Alors que le deuxième anniversaire de la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation a été célébré hier, la situation sécuritaire du pays reste toujours tendue. A l’occasion de cet anniversaire, le nord a enregistré trois attaques avec un bilan de 2 morts et plusieurs blessés.
Hier la mairie de Ouatagouna dans le cercle d’Ansongo a été attaquée par des bandits armés non identifiés. De sources locales, les forces d’autodéfense présentes dans la localité ont riposté. Cependant, le bilan fait état de deux morts, un du côté des assaillants et une dame qui a reçu une balle perdue.
Au même moment, des tirs de roquettes ont visé l’aéroport de Tombouctou. Lors de cette attaque, 6 obus sont tombés dans le camp de la Minusma et 2 autres à proximité du camp. Le check-point de Kabara a également été atteint par des tirs. Un bilan provisoire fait état de 7 blessés dont 3 militaires Maliens, tous admis à l’hôpital de Tombouctou.
Dans la même journée, à Niafunké localité située à 141 km de Tombouctou, un camion-benne a sauté sur une mine. L’incident a fait un blessé.
A ce stade aucune de ces attaques n’a été revendiquée. Cependant elles interviennent deux semaines après celles de Nampala et du camp de la Minusma de Tombouctou qui ont été revendiquées par le groupe jihasdiste Nustrat Al Islam Wal Muslimine d’Iyad Ag Ghaly.
Ces attaques interviennent en plein processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation signé à Alger. Cependant certains responsables de la majorité estiment que ce processus fonctionne. Et selon eux, les difficultés qui surviennent relèvent de l’insécurité provoquée par les groupes terroristes.
Nankoma Keita deuxième vice-président du RPM :
«Cet accord est le bienvenue. Parce qu’au moins le système d’insécurité organisé par les groupes en armes et comme dans une guerre s’est arrêté depuis la signature de l’accord. On est entré dans une paix réelle. Il ne reste plus que l’insécurité revienne qui n’a rien à voir avec la rébellion, qui n’a rien à voir avec les groupes armés, qui relève plutôt des groupes intéressés par d’autres types d’activités pour lesquels ils ont besoin d’espaces et de liberté de mouvement. J’entends dire éventuellement, voir des narcotrafiquants des gens de toutes sortes de malfrats par rapport à la morale, par rapport à la vie. Mais en tant que groupe armé, en tant que revendication, en tant que stratégie organisée, l’accord a fait qu’effectivement on est sortie de cette logique de bataille ranger. De cette logique de lutte classique pour les motivations politiques ou sécuritaires ou indépendantes. Donc de ce point de vue, je pense que l’accord a été une bonne œuvre».
De son côté, l’opposition tire un bilan négatif des deux ans de l’Accord d’Alger. Ses responsables estiment que la situation sécuritaire s’est dégradée après la signature de l’Accord. Ils dénoncent également le caractère non inclusif de l’Accord qui, selon eux, rend difficile l’application du document.
Alkaidi Touré député élu à Diré, membre de l’opposition :
« Mais quel bilan on tire dedans. Le bilan est absolument négatif. Parce que dans tous les cas, l’accord suppose d’abord que dès l’instant que l’accord est signé. La première chose à laquelle on doit arriver à savoir, c’est accalmie d’abord sur le plan sécuritaire. Mais est qu’il y a eu d’accalmie. Il y a eu plus de tuerie après la signature de l’accord qu’avant la signature de l’accord. Donc vous voyez. Alors que l’objectif final c’est au moins qu’il y ait une accalmie. C’est toujours la même chose. Parce que dans tous les cas je crois que les choses ne se sont pas dans les conditions qui puissent vraiment convenir aux populations. Donc je crois que le gouvernement a accepté tout ce que les rebelles ont demandé. En fin de compte il se trouve devant les faits accomplis. Les promesses qu’ils ont prises dans la signature de l’accord ce sont des promesses qui ne sont pas tenues sur le terrain c’est tout. C’est très bien d’avoir un accord. Mais, un accord, il faut que tout le monde soit inclus là dans et que chacun puisse se retrouver là dans. Ça c’est le minimum donc on ouvre aujourd’hui on écoute tout le monde et que là où il y a les problèmes, qu’on essaye de les rassembler et de trouver une solution qui puisse convenir à tout le monde c’est tout ».