Plus de 500 personnes tuées dont la plupart sommairement exécutées par les forces armées maliennes et un personnel militaire étranger. C’est ce qui ressort d’un rapport publié ce vendredi par le bureau des droits de l’Homme de la MINUSMA sur l’opération militaire menée par l’armée malienne à Moura en mars 2022. Le gouvernement de la transition a réagi ce samedi au document. Il « dénonce avec véhémence un rapport biaisé reposant sur un récit fictif »
Selon des témoignages rapportés dans le rapport, le 27 mars début de l’opération, un hélicoptère militaire survole le village Moura en ouvrant le feu sur la population. Tandis que quatre autres hélicoptères atterrissent et des troupes débarquent. Les soldats encerclent les gens dans le centre du village, tirant au hasard sur ceux qui tentaient de s’échapper. Toujours selon des témoins, certains militants de la Katiba Macina présents dans la foule ont riposté aux tirs des troupes. Au moins 20 civils et une douzaine de membres présumés de ce groupe jihadiste sont tués.
Les quatre jours suivant, au moins 500 individus, y compris une vingtaine de femmes et sept enfants, sont exécutés. Cela après que la zone a été totalement « maitrisée », précise le rapport.
La mission d’établissement des faits dispose des noms d’au moins 238 de ces personnes qui ont été exécutées. Sur la base des témoignages recueillis, celle-ci rapporte que 58 femmes et jeunes filles ont été victimes de viol et autres formes de violences sexuelles. Selon le bureau des droits de l’Homme de l’ONU au Mali, ce rapport est le résultat de plusieurs mois de travail. Ainsi suite au refus des autorités maliennes d’autoriser l’accès au village de Moura, la mission s’est basée sur des entretiens avec des victimes et des témoins. Aussi elle a utilisé des sources d’informations médico-légales et autres, telles que l’imagerie satellitaire..
« Rapport biaisé reposant sur un récit fictif »
Dans un communiqué, le gouvernement de transition a réagi ce samedi à ce rapport de l’ONU. Selon lui, ce document est biaisé et repose sur un récit fictif ne répondant aux normes internationales établies. Il ajoute que l’intervention militaire des Forces Armées Maliennes (FAMa) a été salutaire et a apporté beaucoup de quiétude à la population. En revanche le gouvernement dit « s’interroger sur l’opportunité de cette publication » qui recommande au Gouvernement de la Transition, une décision que ce dernier a pris il y a plus d’un an. Selon lui, «conformément aux procédures en vigueur au Mali, une enquête a été ouverte pour faire toute la lumière sur les allégations de violations des droits humains à Moura». Un transport judiciaire de constat a été effectué par le parquet de Mopti. Les premiers éléments de l’enquête mettent en évidence l’hypothèse d’un affrontement ayant provoqué des morts par projectiles. Par ailleurs, le Gouvernement annonce «l’ouverture immédiate d’une enquête judiciaire contre la mission d’établissement des faits pour avoir pris des images de Moura grâce à des satellites, sans son autorisation». Des faits qualifiés «d’espionnage, et d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat réprimés par le code pénal malien», indique-t-il