Opposition et société civile dénoncent de manière unanime le déficit de communication autour des discussions qui se tiennent actuellement à Alger. Pour elles, « le peuple malien a besoin de savoir exactement ce qui se passe à Alger ». Le nombre restreint de journalistes présents sur place et le peu d’informations officielles qui filtrent laissent en effet libre cours aux rumeurs.
La société civile exprime clairement son mécontentement. Pour elle, le gouvernement a failli à l’une de ses missions. « Cela fait une semaine que les gens sont réunis à Alger et que le peuple malien n’a pas suffisamment d’informations sur le processus. Qu’à cela ne tienne, nous attendons les résultats et nous seront prêts à nous prononcer sur ce qui va sortir concrètement d’Alger », déclare Bakary Doumbia, président de la Fédération des collectifs d’ONG du Mali. « Le gouvernement aurait dû prendre soin d’informer les populations maliennes au fur et à mesure », ajoute-t-il. Pour lui, les pourparlers d’Alger sont loin d’être inclusives, la société civile n’étant pas représentée.
Pour l’opposition, ce manque d’informations confirme les aveux d’IBK dans une interview il y a quelques mois : « Le président de la république a lui-même reconnu que l’un des péchés du régime c’était le déficit en matière de communication. Mais trois mois après ces déclarations, rien n’a changé », regrette Djiguiba Keïta dit « P.P.R », Secrétaire général du PARENA. « Nous ne savons pas grand chose de ce qui se passe à Alger si ce n’est qu’il y a au sein des différentes délégations des experts, des non-experts mais aussi des gens qu’on a informé le matin qu’ils prendraient part aux pourparlers le soir du même jour », se plaint-il.
Djiguiba Keïta estime en outre qu’il n’est pas trop tard. Il dit être convaincu qu’il est encore temps de réunir autour d’une même table la société civile, la majorité, l’opposition et les forces vives de la nation : « Nous savons qu’à Alger il est question d’élaborer la feuille de route. Il y aura ensuite les vraies discussions. D’ici là, le gouvernement a toujours l’opportunité de réunir les forces vives de la nation pour qu’il y ait les vraies propositions des Maliens par rapport à cette crise du Nord ».
Le gouvernement n’a pas réagi à ces accusations. Nos tentatives d’interroger le ministre de la communication, Mahamadou Camara, sont restées sans suite.