Des atrocités ont poussé des milliers de maliens à fuir leur village pour trouver refuge dans certaines villes. Des déplacés vivants sur les sites nous ont confié leur vécu. Ces témoignages que nous avons recueillis font parfois froid dans le dos. Certains ont perdu plusieurs membres de leur famille, des femmes violées, d’autres ont vu leur champ partir en fumée suite à des attaques terroristes. Et Face à cette situation, les déplacés internes en appellent aux bonnes volontés pour avoir au moins une vie descente.
Reportage
Bien que des efforts soient consentis par les autorités pour le retour des déplacés, sur les différents sites au Mali, on compte plus de 400 000 personnes déplacées internes selon les données du Comité International de la Croix Rouge. Parmi eux, certains ont été contraints de laisser derrière eux maisons, animaux et moyens de subsistance. Amadou Kodio est un déplacé interne vivant à Bamako, il nous raconte les atrocités qu’il a subi suite à l’attaques de son village par des terroristes dans le cercle de Bankass. « Mon père et l’un de mes fils ont été tués par des hommes armés. Ma femme et ma fille ont été blessées. Elles ont passé huit (8) longs mois à l’hôpital de Mopti pour soigner les blessures. Les hommes armés ont brûlé mes récoltes, emporté mes animaux, calciné mes deux motos », témoigne tristement Amadou Kodio.
Sur le site des déplacés de la ville de San, la situation des déplacés reste également critique. Un nouveau site vient d’abriter cette semaine de nouveaux déplacés de la commune de Sofara dans le cercle de Djenné. Ils sont composés principalement d’enfants et des femmes ayant perdu leurs maris lors des attaques terroristes. « Ils viennent principalement de la commune de Sofara, village de Gnawouro. Ils ont été victimes des violences atroces. Mais ce qui nous choque, c’est la situation des femmes violées. Elles sont dans un état très préoccupant » martèle Idrissa Sangaré le responsable des déplacés sur place.
Des besoins prégnants malgré l’assistance des autorités
A près de 250 kilomètres de San, les déplacés de Bankass dans la région de Bandiangara remercient les autorités locales pour leur hospitalité. Ces déplacés réclament néanmoins une école pour leurs enfants ayant survécu aux attaques terroristes. « Nos enfants ne partent plus à l’école malheureusement. Nous avons besoins d’une solution pour que nos enfants puissent étudier. Parmi nos enfants certains ont été blessés par balles, certains ont perdu la vie à l’hôpital de Mopti mais heureusement certains ont retrouvé la santé. En plus nous voulons que les autorités créent des solutions pour nous permettre de rentrée au village », affirme Seydou Guindo un déplacé de Bankass dans la ville de Bandiagara.
Sur le même site, certains se disent rassurer par l’assistance reçue. « Nous avons bénéficié d’un soutien, des traitements et grâce à cette aide les blessés, les malades, tout le monde a été pris en charge ici », selon une jeune dame. « Dans nos villages, on avait tellement peur d’aller même au champ à plus forte raison de voyager. On est en sécurité ici », dit une autre.
Les personnes déplacées internes ont des besoins multisectoriels en vivres, santé, eaux, abris, protection… et sont souvent accueillis dans des zones déjà fragilisées.