19 novembre, journée internationale des toilettes. La journée est mise à profit pour encourager les États à mettre en œuvre des politiques visant à accroître l’accès à l’assainissement et à mettre fin à la pratique de la défécation à l’air libre. Une pratique jugée extrêmement nocive pour la santé publique. Au Mali, chez les déplacés internes, l’accès aux toilettes est un véritable calvaire. Sur les sites, les toilettes disponibles sont insuffisantes pour couvrir les besoins.
L’accès aux toilettes pour tous reste un défi énorme à relever au Mali. En 2022 plus de 55% de la population malienne n’avait pas accès aux toilettes confortables selon l’OMS (organisation mondiale de la santé). Sur les sites des déplacés internes, les conditions d’accès aux toilettes sont déplorables.
A Faladiè Garbal un quartier de la capitale qui abrite un site de plus d’un millier de déplacés, seulement 35 toilettes sont disponibles. Une situation qui crée parfois une file d’attente devant les toilettes, regrette Hamidou Dicko l’un des responsables du site.
Selon lui, il y a 335 familles déplacées à Faladié et environ 500 personnes se partagent une même toilette. « Les hommes, les femmes et les enfants partagent les mêmes toilettes. Nous formons un rang devant les toilettes pour nos besoins », déplore-t-il.
3 heures d’attente pour avoir accès aux toilettes
Au crépuscule, il n’est pas facile d’avoir accès aux toilettes. « Il faut être courageux et patient pour suivre le rang », témoigne tristement Sakou Sidibé. Elle affirme que les femmes et les enfants sont les plus affectées par le nombre insuffisant de toilettes. « A l’appel de la prière de 16 heures, les gens font la queue pour entrer dans les toilettes. Avant que ton tour n’arrive, on fait l’appel de la prière de 19 heures. Soit 3 heures d’attente », ajoute cette dame qui a tout laissé derrière elle.
Par ailleurs, elle indique que les enfants n’ont pas suffisamment accès aux toilettes. Une situation qui oblige certains à déféquer dehors. « Nous voulons qu’il y ait plus de toilettes », conclut-elle.
Ce qui est à déplorer par une grande partie des déplacés, ce sont les difficultés rencontrées par les femmes et les enfants. Outre ce problème, ils lancent un appel d’urgence. Selon eux, les toilettes se remplissent vite, donc les vidanges doivent être fréquentes.
« Nous sommes parfois obligées de nous laver hors des toilettes à cause de leur insuffisance » a souligné une mère de famille. Elle vit au centre Mabilen, un autre site de déplacés en plein Bamako, depuis un moment. Sur ce lieu, seulement six (6) toilettes s’y trouvent pour une centaine de personnes.
Par ailleurs à Bankass, grâce à certaines ONG, la situation s’est nettement améliorée . « Ils ont construit des toilettes pour nous, Dieu merci » ont déclaré certains déplacés rencontrés sur place. Cependant, la défécation à l’air libre persiste dans plusieurs localités, soulignent certains.
Un problème de santé publique
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près d’un demi milliard de personnes déféquaient encore en plein air en 2022. Ces déchets ont des conséquences environnementales et sanitaires considérables. Ils contaminent l’environnement et l’eau, favorisant le développement des maladies comme la diarrhée. Pour le bien-être des déplacés, le chef de service de l’assainissement, du contrôle des pollutions et des nuisances à Bankass, Ousmane Poudiougou, affirme que des latrines ont été construites sur le site. Selon lui, même les toilettes qui étaient dans des mauvais états ont aussi été rénovées avec l’appui de plusieurs ONG.
De Yelimané à Yorosso en passant par Bafoulabé, malgré les efforts constatés, la pratique de la défécation à l’air libre persiste dans certaines zones. Les populations disent être conscientes des conséquences de la défécation à l’aire libre. « Toute défécation humaine à des conséquences puisque les mouches peuvent être des vecteurs de maladies » martèle un habitant de Yorosso. « Ici chez nous à Yelimané, tout le monde a une toilette à domicile et plus personne ne part dans la brousse pour se soulager », indique ce dernier qui habite.
A noter que selon une étude menée par l‘ONG Oxfam, l’absence d’installations sanitaires pèse sur la santé des femmes et des filles, en augmentant « considérablement les risques d’abus et de violences sexuelles ».
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