Malgré les efforts consentis par les autorités, l’insertion socio-professionnelle des personnes en situation de handicap reste un défi a relever. Ils sont nombreux à se plaindre des traitements qui leur sont reversés lors des recrutements.
Depuis novembre 1993, le Bureau International du Travail invitait déjà les gouvernements à prendre des mesures pour faciliter l’accès des personnes handicapées à des empois décents. Au Mali selon un rapport de 2016 de la Banque mondiale et de l’OMS, 15 % de la population vit en situation de handicap. Les organisations de défense des droits des handicapés regrettent le manque d’opportunité pour leur insertion dans la vie active. Parmi ces défenseurs, il y a l’Association Malienne pour la Défense des Droits et le Bien-être des Albinos. « Beaucoup d’albinos partent chercher de l’emploi mais sur le terrain ils sont mis de côté à cause de leur handicap au profit d’autres personnes. On nous dit que nous sommes pas aptes à faire ceci ou cela, alors qu’un handicap physique n’empêche pas d’être productif », regrette Abdoul Aziz Guindo, président de l’association.
« De vue, on ne peut pas mesurer la performance d’une personne handicap mais c’est seulement à travers la pratique autrement dit dans l’exercice d’une fonction »,rappelle le président.
Des défis identiques à l’intérieur du pays
A Bankass, dans le centre du pays, les personnes en situation de handicap sont regroupées au sein d’une association. Selon Boubacar Guindo dit Abba membre de l’association, les handicapés de Bankass vivent dans la précarité. « Nous avons besoin de plusieurs types d’aide. A Bankass, nous manquons d’activités stables. Nous nous débrouillons dans la revente du bois de chauffe. Dans la seule ville de Bankass, nous sommes plus de 100 handicapés. Il y a des jeunes, des vieux et des enfants. Nous nous battons pour un meilleur cadre de vie mais pour le moment ce n’est pas encore facile. Que le gouverneur de Badiangara et les plus hautes autorités du pays nous viennent en aide avec du travail ». Ils demandent aux autorités une véritable politique d’insertion.
La situation des personnes handicapées n’est pas facile non plus à Sikasso. Oumar Sanogo est un handicapé moteur. Il déplore l’accueil qui leur est reversé dans les services. « Nous les personnes vivant avec un handicap avons de la peine à trouver un emploi à Sikasso. Étant un handicapé, tu vas dans une structure on te fait remarquer qu’il y a pas de place pour toi ». Aussi regrette-t-il le manque de confiance aux handicapés. « Ils disent qu’on ne pas faire des activités physique. C’est vraiment décevant pour les handicapés ».
Victimes de préjugés
Au nord du pays, notamment à Tombouctou, les handicapés y sont nombreux. Les jeunes infirmes diplômés manquent d’opportunité. La jeune dame Niaber Mahaman Touré qui a récemment fini ses études, tape à plusieurs portes. Mais en vain.
« C’est difficile pour nous les handicapés d’avoir un emploi dans cette ville. Il y a parmi nous plusieurs diplômés qui sont sans emploi. Pour un meilleur cadre de vie, nous souhaitons que les autorités créent des activités génératrices de revenues pour nous. En plus, il n’est pas facile pour certains d’entre nous d’avoir accès à certains services ».
Dans la cité des 333 saints, la fédération régionale des personnes handicapées tire la sonnette d’alarme face à la situation. « Il n’y a pas de stratégie pour la mise en œuvre des textes et des lois votées pour le bien être des personnes en situation de handicap. Pour ce qui concerne la fonction publique, les recrutements se faisaient surtout vers le sud du pays. Donc on favorisait plus les personnes handicapées du sud que celles du nord », déplore Ibrahima Ascofaré, secrétaire général de la faîtière. Il souhaite que la candidature des personnes handicapées soit encouragée comme pour les femmes lors des recrutements.
Quelques avancées, mais…
L’union malienne des aveugles (UMAV) regroupe les handicapés visuels. L’organisation salue les progrès réalisés pour le bien-être des handicapés ces dernières années. En revanche, ses responsables estiment que les efforts doivent être poursuivis pour un accès facile aux services sociaux de base.
« Dans les services dédiées à la santé, il y a des insuffisances qu’il faudra améliorer notamment quand une personne malentendant part se présenter, il y a un problème de communication. Car elles communiquent avec des signes que les agents de santé ne maîtrisent pas forcement. Les salles d’accouchement ne sont pas adaptées aux personnes de petite taille», fait remarquer Hadji Barry président de l’UMAV. « Dans le domaine du travail, les handicapés sont bien représentés au Conseil National de Transition. On espère qu’au delà de la transition ça va continuer », conclut-il.
Selon Handicap International en décembre 2018, « 80% des handicapés dans le monde en âge de travailler sont au chômage » .
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