Comment gérer les productions après les récoltes?
Dioro, le 14 décembre 2023 📷 Studio Tamani/Fondation Hirondelle

Comment gérer les productions après les récoltes?

Près de 11 millions de tonnes de céréales sont attendues au terme de la campagne 2023/2024, selon le ministère de l’agriculture et du développement rural. Mais dans certaines localités, après la récolte, des paysans sont confrontés à des difficultés notamment la gestion des productions.

Les récoltes sont presque à terme dans plusieurs localités du pays. Cependant, le résultat est mitigé à ce niveau de récoltes. Dans la région de Badiangara, on affirme que les cultures de grandes tailles n’ont pas bien donné, contrairement aux cultures de petites tailles.

Pour le paysan Boureima Ganamé de Badiangara, le principal problème dans la région est le manque de pluie. « Tout juste après les semis, la pluie s’est arrêtée brusquement. Cet arrêt a duré un mois et demi », déplore l’agriculteur. Il ajoute que l’engrais utilisé a séché les grandes cultures. « Après cet incident, il a commencé à pleuvoir. Chez nous seulement l’arachide a bien donné contrairement au fonio, mil, sorgho, maïs et haricot » conclut le paysan.

Quand l’insécurité affecte la campagne agricole

Dans le cercle de Bankass situé à quelques kilomètres de Badiangara, c’est le même constat fait par Alaye Guindo chef secteur agriculture de cette localité. « Ici, des producteurs n’ont pas pu cultiver à cause de l’insécurité. Des champs ont été inondés à cause du changement climatique. Surtout avec le débordement du fleuve Sourou. » Aussi regrette-t-il « à cause de l’insécurité, certains paysans ont abandonné leur culture. Les champs délaissés par le déplacement des populations ont subi des attaques d’oiseaux granivores ».

Ainsi, Monsieur Guindo craint le pire. « Le cercle a connu un déficit céréalier cette année. Les populations vivent dans une précarité causée par l’insécurité et des déplacements massifs des populations vers les grandes villes comme Badiangara », souligne-t-il.

Toujours selon lui, « Cette année à Bankass, la campagne agricole a été nettement déficitaire. Malgré les efforts du gouvernement à faciliter l’accès aux intrants agricoles, les engrais ont fait défaut dans le cercle. »

Le nord du pays ne fait pas exception

Le nord du pays est aussi touché par cette insécurité. Dans le cercle de Diré situé dans la région de Tombouctou, la récolte du riz a beaucoup avancé. Mais certains paysans des villages environnants s’inquiètent déjà.

Pour subvenir aux besoins familiaux, d’autres ont vendu leurs céréales. « Cette année, la campagne agricole n’a pas bien réussi. Après avoir payé mes dettes, il ne me reste que quelques kilogrammes de céréales », a indiqué un paysan de la localité. Il s’attend tout de même à un bon résultat de la campagne d’oignons qui vient de commencer.

Un autre souligne l’impact causé par le manque de pluies et la cherté des intrants. « Nous avons perdu beaucoup de cultures. Mes dépenses ont été supérieures au rendement », soutient-il.

Mahamane est également cultivateur dans un village du cercle de Diré. Il se dit surpris de la quantité de céréales récoltées. « Au début, je pensais que je n’allais pas bien récolter à cause du manque de pluies, mais Dieu merci, à la fin, j’ai pu récolter une quantité suffisante », nous a confiés ce vieux paysan.

Il demande plus de soutien au secteur agricole, pour que les agriculteurs assurent l’indépendance alimentaire. « Malgré la cherté de l’engrais, du carburant pour drainer l’eau dans les champs, on peut dire que ça va. Cependant, je demande aux autorités de rendre accessibles les intrants agricoles », lance-t-il.

L’importance de la bonne gestion des récoltes

Parmi les principales difficultés auxquelles les paysans sont confrontés, figurent la gestion des récoltes et la conservation des céréales. Pour ce dernier aspect, des cultivateurs font recours à de nombreuses astuces notamment l’utilisation des produits chimiques. Pourtant ces produits sont déconseillés par les techniciens de l’agriculture. « Certains utilisent des produits chimiques. Dans le cadre de notre intervention nous ne conseillons pas cette méthode. Par ce que les paysans peuvent avoir besoin de leurs productions pour la consommation. Donc, ça peut entraîner des effets néfastes sur la santé », conseille Henri Bosco Coulibaly coordinateur régional de l’Association des Organisations Professionnelles Paysannes à Ségou. Il recommande aux producteurs de prioriser la stratégie traditionnelle. « C’est la conservation des productions à partir de nos produits locaux, ceux-ci peuvent être conservés dans les greniers », indique le coordinateur.

Enfin, les agronomes conseillent aux paysans de faire dès à présent une bonne utilisation des productions pour éviter l’insécurité alimentaire. Quant aux paysans, ils demandent aux autorités de créer des conditions idoines pour faciliter l’accès aux intrants agricoles.