Le phénomène demeure toujours une préoccupation majeure dans notre pays. A cause du phénomène, le rêve de beaucoup d’enfants se brise dans nos sociétés. Certains d’entre eux sont contraints d’abandonner l’école et cela malgré la mobilisation des différentes ONGs. Aujourd’hui, des acteurs invitent les autorités à prendre toutes les dispositions nécessaires pour éradiquer le fléau.
« Je travaille dans des chantiers de construction et j’étais dans un atelier de couture également. Tout cela à cause des difficultés que nous vivons dans la famille. Dans la journée je peux gagner, 2000 francs CFA et je donne 1500 francs à la famille, ensuite je garde le reste pour mes petits besoins. » Tels sont les témoignages de Moumine Maïga, un enfant de près de 14 ans que nous avons croisé dans les rues de Segou.
Il ajoute qu’il travaille pour aider ses parents. « Nous avons quitté chez nous suite à la crise sécuritaire. Au village, mon père était un commerçant mais ici il n’a pas d’activité. Je suis obligé de travailler. »
Moumine Maïga est venu de Niono et vit avec ses parents sur le site des déplacés d’Attbougou à Ségou depuis trois ans. Comme lui, de nombreux autres enfants se battent corps et âme sur d’autres sites de déplacés internes. Certains écoliers se lancent dans d’autres activités en ce moment.
« Je suis élève à Kita. Maintenant je fais les travaux champêtres. Nous désherbons le coton. Chaque année pendant les vacances je mène cette activité », lance un enfant de la capitale de l’arachide.
A Bamako, les activités sont tout autres, et certains enfants s’y plaisent dedans. C’est le cas de ce petit bonhomme qui se faufile entre les véhicules. « C’est moi-même qui ai demandé à mes parents de me laisser vendre des biscuits et des chewing-gums. Le marché ça va un peu. Les temps sont durs. Je fais cette activité pour aider la famille », indique fièrement le garçon. Il affirme que cette activité lui permet de ne pas être « fainéant. »
A côté, cet autre garçon avec ces outils de cirage. Il nous énumère ses motivations : « Je suis cireur. C’est pour apprendre le métier. Certains enfants volent l’argent de leurs parents. Je ne veux pas être comme eux. Je veux avoir de l’argent pour pouvoir payer mes fournitures scolaires à la rentrée prochaine ».
Le fléau, un danger qui menace des générations
Certains parents d’élèves sont conscients des méfaits du travail des enfants. Cependant, ils estiment que l’enfance est la bonne période pour inculquer des valeurs sociétales à leurs progénitures.
Boubacar Ouattara est père de plusieurs enfants à Bamako. Il indique que l’apprentissage des métiers est bénéfique aux enfants. Mais il précise : « tout ce qu’ils peuvent apprendre sans rencontrer de difficultés. Par exemple, un enfant peut paître les bœufs mais cela doit être fait avec beaucoup de prudence. Il y a aussi certaines cultures que l’enfant ne peut pas faire sinon il sera exposé à des risques de santé ».
Les filles aussi ne sont pas épargnées du travail d’enfants. Même si leurs mères voient d’un autre œil ces occupations. Fanta Diarra est mère de famille, elle affirme que ces filles font la vaisselle. Elles lavent les habits, balayent et font la cuisine aussi. « Je profite de chaque vacance pour les initier petit à petit car elles sont appelées à gérer leur foyer un jour, » nous confie la dame Diarra.
Ce n’est pas tout, elle envoie aussi ses garçons au village « pour un séjour et comprendre la vie au village. Tous ces aspects sont importants dans l’éducation d’un enfant », conclut-elle.
La protection de l’enfant, plus qu’une urgence
Les secteurs de l’agriculture et de l’orpaillage restent des domaines dans lesquels des milliers d’enfants travaillent. Une triste réalité qui a inévitablement des conséquences. Les enfants doivent être libérés du travail et jouir de leurs droits qui est l’accès à une éducation de qualité afin de garantir un avenir meilleur, nous dit Vincent Dembélé, coordinateur du programme dénommé « travail, pas l’affaire des enfants » à l’ONG Save the Children au Mali.
Il indique que le travail des enfants est une réalité sur certains sites miniers. « Des enfants qui portent des grosses charges seront exposés à des problèmes de santé physique dans l’avenir. Les produits toxiques utilisés, ont des effets immédiats sur la santé. Leurs milieux de travail même laissent à désirer, » déplore monsieur Dembélé.
Il ajoute que la place de l’enfant, c’est à l’école. « Nous ne sommes qu’une ONG, les décisions reviennent à l’Etat. Nous ne faisons qu’alerter sur l’évidence du phénomène sur le terrain », souligne-t-il.
World Vision est une autre organisation qui œuvre dans la sauvegarde des droits des enfants. Elle salue les efforts du gouvernement et ses partenaires dans la lutte contre le travail des enfants. Toutefois, l’organisation rappelle que beaucoup reste à faire au Mali. « Selon les estimations de l’organisation internationale du travail OIT, 160 millions d’enfants soit près d’un enfant sur 10 dans le monde sont encore soumis au travail des enfants. Au Mali, sur 7 millions d’enfants de 5 à 17ans en 2020, 2, 5 millions soit 35% exercent une activité économique. En ce qui concerne les filles à Bamako, on estime qu’il aurait à peu près 100 mille aides ménagères originaires des zones rurales à la recherche des conditions de vie meilleures. Cette situation fait perdurer un système d’exploitation des filles ». Ceci est le bilan dressé par André Pascal Coulibaly Manager de l’ONG World Vison.
Il fait comprendre que le travail des enfants nuit à leur développement physique et mental.
A tout cela s’ajoute l’exposition des enfants à des travaux précoces, sans oublier la situation sécuritaire dans le pays occasionnant la fermeture des écoles. En ce sens, le Parlement des Enfants du Mali interpelle.
« Nous le savons tous, nous vivions une crise qui affecte considérablement les enfants dans le cadre de leur suivi en leur privant de leur droit. Nous comptons beaucoup sur le gouvernement », lance Imrane Ag Mohamed, président des enfants du Mali.
Les autorités sont conscientes des dangers liés au travail des enfants. Néanmoins, depuis des années le Mali œuvre pour la cause des enfants, voire pallier le problème du travail des enfants. C’est l’assurance donnée par la Direction Nationale de la Promotion de l’Enfant et de la Famille
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