Les inondations survenues au Mali suite aux fortes pluies ont fait de nombreux sinistrés. Plusieurs de ces ménages ont trouvé refuge dans les établissements scolaires. A quelques heures de la rentrée académique 2024-2025, l’inquiétude augmente chez ces sinistrés qui doivent trouver d’autres abris. Certains appellent à l’indulgence des autorités en attendant de trouver d’autres lieux d’habitation.
Il est dix heures quand nous franchissons la porte de l’école Sega Diallo située à Bozola en commune II du district de Bamako. Un établissement qui donne plutôt l’air d’une cour commune. Et oui, nous sommes à quelques heures avant la rentrée scolaire, mais 145 familles ont carrément déménagé dans cette école. Toutes, victimes des inondations qu’a connu la capitale. Selon le comité de gestion de ladite école, ces ménages sinistrés viennent de Bozodaga, un quartier situé au bord du fleuve Niger à Bamako.
Les classes sont transformées en chambre, magasin ou cuisine. Les hôtes vaquent à leurs occupations. Devant une des salles, nous apercevons Kassim Diarra. Tailleur, marié et père de quatre enfants. Allongé sur une natte, sa fille assise à ses côtés, l’inquiétude se lit sur le visage de ce monsieur.
« Où aller avec ma famille à la rentrée des classes ? » S’interroge-t-il. Et le chef de famille de poursuivre « Nous sommes dans cette école parce que nos maisons sont inondées. Nous demandons aux autorités de repousser la date de la rentrée, car nous n’avons nulle part où aller ».
Les personnes âgées et les enfants encore plus touchés
A quelques encablures de là, Aminata Dembélé frit des patates douces pour ces enfants et sa vieille mère. Elle se confie avec un regard plein d’angoisse. Le mot qui revient très souvent dans son intervention, c’est « Fèrè ». Un mot en langue bamanan, qui veut dire (solution).
« Avec la rentrée, nous ne savons pas quoi faire. Il faut que les autorités trouvent une solution. Qu’elles nous aident à déménager. Nous sommes nombreux dans cette situation. Même si je trouve un local et que les autres n’en ont pas, ça revient à la même chose, » nous confie la ménagère.
Pourtant, l’administration scolaire continue l’entretien des cours. Elle essaie de préparer le terrain, afin de bien recevoir les élèves à la rentrée.
Issiaka Diarra, est le président coordinateur du comité de gestion scolaire de l’école Sega Diallo qui accueille ces familles. Selon lui, impossible de faire attendre les enfants. « J’ai parlé avec notre DCAP (directeur du centre d’animation pédagogique) concernant la rentrée scolaire. On avait dit qu’avant le 20 septembre qu’ils vont chercher un lieu pour les héberger. Mais malheureusement, ils sont toujours là », fait-il remarquer le coordinateur qui ajoute qu’ils sont dans l’obligation de respecter . «On a commencé à nettoyer la cour. Une fois le délai arrivé, nous n’avons d’autres choix que de leur demander de quitter les lieux. On ne peut pas pénaliser nos enfants », déclare monsieur Diarra.
Les sinistrés face aux dilemmes dans plusieurs grandes villes
Ami Tangara, Founè Tangara, Safiatou Dramé et Dramane Tangara dorment à l’école liberté de Darsalam dans la région de Ségou, depuis que leurs maisons ont été emportées par les eaux de pluie. Aujourd’hui, désespérés, ils sont tourmentés à l’idée de quitter cet endroit. « J’ai cherché une maison sans succès alors qu’on me demande de libérer la salle de classe. Je vais demander à mes parents qui sont dans la ville de surveiller ma maison. J’irai ailleurs. » dixit Ami Tangara d’un ton soucieux.
Quant à Founè, elle se pose des questions et propose aux autorités d’aménager des sites pour les sinistrés. « Bientôt c’est la rentrée, on ne sait pas où aller. Nos maisons se sont effondrées. Qu’on nous trouve un espace », lance-t-elle.
Monsieur Tangara aux côtés de ces dames ne dira pas le contraire. La situation est critique et il faut vite une solution venant des autorités.
Des écoles toujours inondées
Un peu plus au centre du pays cette fois-ci à Macina, l’inquiétude est tout autre. Les écoles sont certes occupées, mais par des eaux de pluies.
En cette veille d’ouverture des classes, plusieurs actions sont en cours pour que les élèves reprennent le chemin de l’école dans les meilleures conditions. Parmi celles-ci, le drainage des eaux hors des établissements.
« Nous avions demandé au maire, avec le CGS (comité de gestion scolaire Ndlr) de voir comment vider l’eau dans les différents établissements, afin que la rentrée soit effective », affirme Malick Djibo, directeur du centre d’animation pédagogique de Macina. Le responsable scolaire estime que tout sera prêt avant la rentrée académique 2024-2025. Celle-ci faut-il le rappeler est toujours maintenue pour le 1er pctobre 2024. En attendant cela, les sinistrés s’en remettent à Dieu et aux bonnes volontés, afin de trouver une solution.