Après trois jours de boycott, les mouvements de la coordination qui regroupent le MNLA et ses alliés, ont décidé enfin de retourner à la table des négociations. Les travaux ont repris ce matin en présence de la coordination de la médiation et des autorités maliennes mais sans les mouvements de la plate-forme.
La rupture semble être consommée entre la « coordination des groupes armés » et la « plate-forme » des mouvements du nord. Les dernières heures ont précipité la division de ces deux délégations qui s’étaient pourtant présentées unies avant le début des négociations. Le MNLA a annoncé que les « préoccupations de la coordination ont été prises compte par l’équipe de médiation internationale ». En clair, le MNLA et ses alliés, le HCUA et le MAA, exigent de discuter « directement avec le gouvernement malien en présence de la communauté internationale », mais hors de la présence des mouvements de la plate-forme qui réunit la CPA, le CMFPR et MAA originels. Hasard ou nécessité, les membres de cette représentation n’étaient pas présents ce matin à la reprise des travaux affirmant observer « une pause ». Ils annoncent qu’ils reprendront les discussions dimanche ou lundi prochain. Pour l’heure, on ne sait pas encore s’ils le feront dans la même salle que celle des représentants de la coordination. Selon de nombreux observateurs, les divergences apparues à Alger entre les groupes armés étaient prévisibles, tant la consolidation des positions dans de telles négociations est délicate. Ousmane Cornio est spécialiste des questions de sécurité et règlement des conflits, il estime qu’il aurait fallu prévoir « une médiation interne » entre les groupes armés : « Il ne s’agit pas pour un groupe de légitimer un autre groupe. Non ! La légitimité doit être déterminée par la partie adverse, c’est à dire le gouvernement. Aucun groupe ne peut se prononcer par rapport à la légitimité d’un autre. En matière de négociations, il y a deux types d’actions qu’il faut entreprendre : la médiation entreprise par le facilitateur entre les deux groupes (c’est à dire le gouvernement et les groupes armés). Mais il faut se rendre compte qu’il y a besoin aussi de faire une action de sensibilisation et de médiation interne au sein de chaque groupe. Je pense que c’est ce travail qui n’a pas été fait. C’est à dire la consolidation, l’animation du groupe adverse pour avoir un groupe beaucoup plus consolidé, organisé et structuré et beaucoup plus légitime face à soit même. Dire qu’on est en retard, je ne le pense pas. En matière de négociations, le retard ne compte pas. Elle se mène avec le temps. C’est utopique de penser que de manière unanime tous les groupes vont être d’accord et signeront l’accord à Alger. Cela n’est pas possible. En matière de négociations, si on a une première solution en essaye de la consolider en faisant adhérer les récalcitrants. Et c’est comme cela que ça doit se passer. Ce n’est pas possible que tout le monde signe, mais si la majorité signe sur des bases beaucoup plus acceptables, c’est la base de départ. On verra après comment consolider ces acquis ».