Depuis quelques semaines les jihadistes signent leur retour en force dans le nord du Mali. Avec un peu plus de 9.000 militaires et policiers, la Minusma est en fait la principale cible des jihadistes. Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a demandé hier au Conseil de sécurité d’envisager le déploiement d’une « force d’intervention rapide ». De plus, il a aussi plaidé pour « la révision du mandat de la Minusma ». Du côté des Nations unies, on reste prudent pour l’instant sur cette question.
Selon le chef des Casques bleus de l’ONU, la mission au Mali n’a plus rien à voir avec le maintient de la paix. Lors de la vidéo conférence qu’il a eue avec le conseil de sécurité, Hervé Ladsous a réaffirmé que l’ONU entendait renforcer les moyens de protection et d’action de ses soldats, en particulier contre les engins explosifs, mais sans donner de détails.
La Minusma devrait ainsi recevoir des hélicoptères de transport et d’ attaque ainsi que des véhicules blindés supplémentaires et des drones à long rayon d’action. A ces besoins, s’ajoute aussi la question du « renforcement des règles d’engagement de la Minusma ».
En fait, c’est ce que demande le Mali à travers les propos de son ministre des affaires étrangères. Il réclame la mise en place d’une brigade spéciale d’intervention rapide. A ce stade, seule la Mission de l’ONU en RDC dispose d’une telle brigade forte de 3000 hommes.
Bien que sa mise en place ait pris beaucoup de temps, celle ci a été décisive dans la réduction des rebelles du M23 dans l’est du Congo.
Pour le Mali, le Conseil de sécurité ne s’est pas encore prononcé sur cette option, en se limitant jusque là, à annoncer le renforcement de ses moyens dans le pays et en renvoyant aux négociations d’Alger le soin de gérer la situation sécuritaire du nord.
Une opinion assez largement partagée au Mali estime aujourd’hui qu’ il est nécessaire pour la Minusma de revoir son mandat. Certains spécialistes affirment qu’il faut aussi développer la coopération entre les différents acteurs sur le terrain, notamment avec les forces armées et de sécurité du Mali.
Ousmane Cornio est spécialiste des questions de sécurité et de gestion des conflits.
« Dès lors que l’opération Serval a diminué son effectif, son opération, et se réduit à 3000 hommes pour tout le Sahara, la Minusma ne peut plus être une force de stabilisation, d’interposition. Interposition entre qui et qui ? Stabilisation de quoi ? Elle même se trouve vulnérable, c’est pour cela qu’on voit qu’elle est attaquée, elle n’est pas sécurisée, elle n’a pas les moyens de sa propre sécurité à plus forte raison, assurer la sécurité des autres. Donc, dans les conditions actuelles, il est absolument nécessaire de revoir le mandat de la Minusma.
Il y a vraiment une ambiguïté dans la situation du Nord par rapport à la position des différents acteurs. Nous avons tous un ennemi commun. Qu’est-ce qui nous empêche, avant de discuter d’autre chose de bouter hors de notre territoire l’ennemi commun d’abord. Même si on signait aujourd’hui un accord politique à Alger, alors que le territoire est occupé par des étrangers face auxquels nous ne pouvons rien, nous n’avons pu rien faire…A quoi sert cet accord ? »