Une cérémonie d’hommage aux deux envoyés spéciaux de la radio française, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, tués le 2 novembre 2013, s’est tenue hier à Bamako en présence de représentants de la presse, de la classe politique et de membres de la société civile. Du coté judiciaire l’enquête ne progresse pas contrairement aux déclarations du ministre français des affaires étrangères.
Selon une source judiciaire présente sur place, « la principale difficulté dans le dossier est l’impossibilité pour les enquêteurs de se rendre pour le moment dans la région de Kidal pour mener des investigations de terrain ». A Bamako, on considère que « le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius était trop optimiste dans ses déclarations sur le sujet ». Ce dernier a affirmé mercredi devant l’Assemblée nationale française que l’enquête était « entrée dans une phase tout à fait décisive » et que leur mort ne resterait « pas impunie ».
Il avait également indiqué que « les juges devraient pouvoir obtenir rapidement tous les éléments susceptibles d’arrêter les coupables », estimant que « les accords d’Alger qui sont en train d’être discutés entre Bamako et les groupes armés du Nord devraient en outre faciliter l’avancée de l’enquête ».
Déclarations mises en cause par les proches de Ghislaine Dupont et Claude Verlon qui affirment qu’ « aujourd’hui, toute enquête est impossible » à Kidal précisant que le seul suspect identifié était « dans la nature ».
A Bamako la mobilisation ne faiblit pas en faveur des deux journalistes assassinés. Les associations professionnelles exigent justice, et demandent aux autorités maliennes de réunir les conditions pour permettre la sécurisation des journalistes dans l’exercice de leur métier.
Birama Fall est président de l’Association des éditeurs de presse du Mali, Assep. Il a été joint par Issa Fakaba Sissoko.
« Tant que la situation d’insécurité règne dans la région de Kidal, tant que les négociations d’Alger continueront à faire des compromissions avec les vrais commendataires de ce lâche et abjecte assassinat, on peut craindre que l’enquête ne piétine. Depuis bientôt une année, l’enquête piétine tant à Bamako qu’à Paris. En la matière tout le monde sait que nos deux confrères ont été enlevés dans le domicile d’un responsable du MNLA, et que c’est quelques heures après qu’ils ont été assassinés. Je ne comprends pas qu’en France qu’on ait mis en place une association des victimes, et qu’à Bamako les magistrats instructeurs ne parviennent même pas à effectuer le déplacement sur Kidal. Dans ce contexte il est difficile d’établir la lumière. C’est dire aujourd’hui que la situation en tant telle n’évolue pas positivement.
Je comprends bien l’optimisme de Laurent Fabius, car la mobilisation en France est telle, que le gouvernement est obligé de dire quelque chose. C’est pour cela qu’il dit que l’enquête avance. Mais pour le moment, il n’y eu aucune interpellation, aucune arrestation. Donc, je me demande sur quoi il fonde son optimisme. A Bamako on n’en parle même pas. C’est le silence plat. Nous nous battrons pour que justice soit faite, car c’est la liberté d’expression qui est prise en otage. Dans ce contexte on ne peut pas travailler ».