Réunion de crise hier à Niamey des pays contributeurs de troupes de la Minusma. Les Casques bleus présents au Mali subissent depuis plusieurs semaines une véritable guérilla de la part des groupes terroristes. Les trois quarts des 8000 soldats de la paix sont constitués des forces africaines dont 2000 tchadiens et plus de 1200 nigérians. A ce jour 33 soldats de la paix sont mort au Mali depuis l’arrivée de la mission onusienne. Un bilan et une situation qui inquiètent les 7 pays africains, dont les contingents sont en première ligne qui ne veulent pas servir de chaire à canon.
Les autorités tchadiennes avaient vivement réagi après les événements d’Aguelhoc, en menaçant de retirer leurs troupes. A Niamey, les participants ont tenté de faire le point sur les faiblesses du dispositif militaire onusien et de sa capacité à lutter contre la guerre asymétrique imposée par les groupes jihadistes. Le bilan en vie humaines de la force des Nations Unies est lourd : 33 casques bleus ont été tués depuis sa mise en place.
Un chiffre « très élevé », selon le représentant spécial adjoint à la Minusma Arnaud Akodjènou. A cela il faut ajouter « les morts des opérations françaises, Serval et Barkhane, ainsi que ceux dans les rangs des populations ».
Comme l’a fait remarquer le ministre des affaires étrangères nigérien, la Minusma peine toujours à réunir les 12.000 hommes promis. Seulement 8.000 sont à ce jour opérationnels. La force manque aussi de blindés, d’hélicoptères et de drones de surveillance.
La recrudescence des opérations menées par les organisations terroristes nécessite des moyens et un mandat spécifiques. C’est ce qu’ont rappelé les représentants du Mali lors de cette réunion. Ils ont présenté deux options aux experts présents à Niamey : celle d’un renforcement de la Minusma actuelle, et la mise en place d’une force d’intervention rapide.
Selon des spécialistes qui suivent le contexte dans lequel intervient l’ONU , la réunion de Niamey témoigne de la nécessité pour la Minusma de se donner une mission plus offensive dans le Nord, à l’image du Congo. Pour eux, il suffit d’une volonté politique pour le décider.
Pr. Issa N’Diaye est philosophe, chargé de à l’Université de Bamako. Issa Fakaba Sissoko l’a rencontré.
« Le problème essentiel de la Minusma, c’est sa mission. Le schéma est fait de telle manière que les Nations unies se sont privées d’avoir une capacité d’action rapide. Elles ont laissé cela à la France. Je pense que c’est cela l’erreur fondamentale. L’appellation même de cette mission pose problème. La Minusma est une mission de paix. Si on lit, cela veut dire que ce n’est pas une mission qui est destinée à faire la guerre, à combattre l’ennemi. Je pense que les pays africains feraient mieux de poser nettement cette question.
Il est temps de clarifier la mission de la Minusma au Mali. On voit parce exemple que dans le cas du Congo, les forces de de brigade d’intervention rapide ont mis du temps avant d’assurer dernièrement un rôle offensif. Je crois que la leçon congolaise est encore là pour nous rappeler que les Nations unies peuvent se donner cette mission offensive. Mais je pense qu’au fond du problème la question fondamentale c’est la souveraineté des états africains. Quel est le poids de l’Afrique par rapport aux décisions du Conseil de sécurité ? Ce poids là est très faible. Et deuxièmement, il faudrait que le Mali ait une stratégie, à moyen terme, qui lui permette d’avoir cette capacité de réaction ».
Effectifs des forces africaines au sein de la Minusma
Tchad 2000
Nigéria 1200
Niger 675
Benin 650
Burkina Faso 500
Sénégal 500
Togo 500