Au Mali le bilan n’a pas évolué ce week-end. Quatre morts (dont un infirmier) sur cinq cas enregistrés en moins d’un mois, à Kayes et à Bamako. Tous les cas sont liés à deux personnes infectées venues à des moments distincts de la Guinée voisine.
En raison des risques, Bamako a décidé de filtrer toutes les entrées de Guinée en un seul point de passage à partir duquel les contrôles sanitaires seront renforcés, selon le gouvernement malien, qui a aussi annoncé l’installation prochaine d’un site d’isolement dans la localité frontalière de Kourémalé dans le sud.Selon l’OMS, 268 personnes ayant été en contact direct ou indirect avec les différents cas d’Ebola ont été placées sous surveillance à travers le Mali: 251 à Bamako, 5 à Kourémalé et 12 à Kayes.
Ce week-end le Premier ministre malien Moussa Mara a visité le dispositif anti-Ebola installé à l’aéroport de Bamako et s’est rendu dans la famille de l’infirmier décédé
A l’aéroport, l’objectif était de s’assurer « que le filtre » est « suffisamment dissuasif, efficace pour qu’il n’y ait aucun risque » , a expliqué M. Moussa Mara, tout en notant « quelques petites faiblesses qui seront immédiatement corrigées ».
Il a exprimé la solidarité du gouvernement aux proches de victimes d’Ebola et a invité à ne pas les stigmatiser.
Le Président de la république Ibrahim Boubacar Keita s’est rendu aujourd’hui sur le site d’isolement et de traitement de Djicoroni Para et celui de Kourémalé. A l’issue de ces visites, le chef de l’Etat s’est dit rassuré par les moyens mis en place. Selon lui avec ces dispositifs et l’aide de tous les partenaires il y a bon espoir d’ éradiquer l’épidémie Ebola au Mali :
« Je dois dire que j’ai vu là un travail sérieux fabuleux, mené par une équipe responsable, consciente des enjeux, très fidèle au serment d’Hippocrate, des hommes et des femmes sont en train de livrer ici un combat pour l’humanité, puisque c’est de l’humanité qu’il s’agit tant cette question est devenue une question universelle aujourd’hui. Cette visite renforce mon optimisme et ma conviction que l’Ebola sera vaincue au Mali. Pour ce qui nous concerne, nous ferons tout pour que tous moyens soient mis à la disposition de cette équipe pour qu’elle réussisse sa mission. Je serai désormais en contact direct du professeur qui coordonne ce centre, nuit et jour. Il faut que les gens sachent raison garder, on a expliqué en long et en large comment cette maladie se transmet. Ce n’est ni par le vent, ni dans l’air, mais c’est au contact avec le malade que le virus se transmet ».
Le renforcement des cordons sanitaires dans la lutte contre Ebola est accéléré. Les moyens sur le terrain vont être déployés par les autorités aux frontières et dans toutes les régions du Mali. Il s’agit de généraliser les tests pour détecter la présence du virus. Toutes les régions vont disposer d’équipements techniques de contrôle et d’isolement. Le professeur Samba Sow est le directeur du centre national d’appui à la lutte contre la maladie :
« La généralisation des tests, c’est vraiment pour une rapidité d’action dans la réponse. Elle permet de multiplier non seulement les sites d’isolement et de traitement, mais également va rendre disponible les tests rapides. Elle multiplie les sites de contrôle qu’on appelle cordon sanitaire et d’isolement temporaire sur toute la bande frontalière. Il y en a plus d’une trentaine. La généralisation des tests permet également de mettre en place des sites d’isolement et de traitement dans chaque région du Mali. Aujourd’hui cette recommandation est en train d’être concrétisée sur toute l’étendue du territoire. Les moyens techniques sont mis en place. Aujourd’hui, par exemple, j’ai un suspect tout de suite, dans 8 à 12 heures j’aurai le résultat. Si vous êtes détecté à Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao on vous fait le test rapide sur place. Vous serez isolé sur place, le résultat sera disponible sur place et la conduite à tenir sera en fonction du résultat sur place. Par ce qu’il s’agit d’une urgence internationale ».
Le service du développement social et ses partenaires s’attaquent à l’épidémie. Ils ont lancé une caravane de sensibilisation à la maladie ce matin à Bamako. Cette caravane sillonnera les six communes du district jusqu’au 4 décembre prochain.
Madame Koné Sissi Odile Dakouo, directrice régionale du développement social :
« Nous voulons sensibiliser une grande population pour qu’elle se rende compte que le virus est là et que c’est réel. Et ensuite, qu’elle mette en pratique les précautions d’usage, notamment se laver les mains au moins quatre fois par jour. Nous allons sillonner les six communes du district de Bamako, il y a beaucoup de supports qui vont être donnés lors des passages et puis il va y avoir des questions réponses lors des arrêts pour diffuser le message. Il y aura des cadeaux assortis de bonne réponse ».
Aujourd’hui le procureur a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les responsabilités de la mort de l’imam guinéen. Ce malade a trouvé la mort des suites de sa contamination. Des personnes ont déjà été entendues. L’enquête en cours s’intéresse à l’itinéraire entre Kourémalé, la ville frontalière jusqu’à la clinique Pasteur. Le procureur de la république prés du tribunal de 1ère instance de la commune IV, Mahamadou Bandjoukou Diawara :
« Il y a des faits susceptibles de constituer des infractions contre les personnes, mais aussi contre la sécurité intérieure. j’avais déjà en tête ces éléments. Donc, j’ai demandé à ce qu’on ouvre une enquête pour voir qui sont les auteurs. Ce n’est pas dirigé ni contre une structure ni une personne, mais sur tous ceux qui sont impliqués : de la frontière jusqu’à la clinique. Parce qu’aujourd’hui nous nous intéressons à d’autres structures de l’Etat, qu’il nous rendent compte de comment ça fonctionné et quelles sont les fautes des uns et des autres. Dès lors que nous avons une information nous les vérifions. Donc tous ceux qui peuvent être de près ou de loin impliqués dans les éléments que nous avons aujourd’hui réuni, nous les appelons et nous investiguons ».