Au lendemain de l’extraction du commandant de la FORSAT Oumar Samaké, vendredi (3/9/21) par ses camarades de la police, de la Maison centrale d’arrêt de Bamako, les condamnations fusent de partout. Mais toujours pas de réaction officielle des autorités de la Transition.
L’association malienne des droits de l’Homme (AMDH) s’est dite « profondément indignée de cette libération au forcing » du Commandant des Forces Spéciales Anti-Terroristes (FORSAT). Pour l’AMDH, cet acte est une atteinte grave à la démocratie et à l’Etat de droits qu’elle « condamne avec véhémence ».
Même indignation du côté de la synergie des sections syndicales des surveillants de prison du Mali. Elle dit avoir pris acte des événements désastreux sans objectivité survenus vendredi devant la Maison centrale d’arrêt. La synergie a félicité et remercié l’ensemble des surveillants de prison en service à ladite maison d’arrêt de n’avoir pas réagi au moment des faits. « Un sens élevé de responsabilité, de maturité », salue le collectif de syndicats dans son communiqué. Ses responsables interpellent les autorités en charge de cette question « à prendre leur responsabilité pour éviter une situation regrettable ».
Le M5-RFP dit suivre avec gravité avec les événements qui ont conduit à l’arrestation du commandant de la FORSAT, puis sa libération par ses collègues. Le mouvement rappelle qu’il a toujours réclamé que justice soit faite sur la mort des manifestants tués les 10, 11 et 12 juillet 2020. En revanche, il s’inquiète vivement de la remise en cause récurrente de la discipline au sein de nos Forces de Défense et de Sécurité. Il invite donc les autorités de la Transition « à y mettre promptement, définitivement et énergiquement fin par toutes les mesures appropriées y compris par l’application de sanctions disciplinaires rigoureuses ». Des personnalités politiques se sont aussi exprimées après cette réaction des syndicats de la police ce vendredi.
La toile s’est enflammée
L’ancien Premier ministre Moussa Mara se dit « scandalisé » sur son compte Facebook. « Des forces de l’ordre, qui doivent faire respecter la loi, agissant illégalement pour obtenir la libération d’une personne incarcérée suite à une décision de justice », a-t-il déploré. M. Mara a ajouté aussi que « cet acte constitue un précèdent dangereux contre l’Etat de droit et menace sérieusement la cohésion de notre pays ».
Les internautes se sont défoulés sur les réseaux sociaux. La majeure partie condamne cet acte des syndicats de la police pour soutenir leur collègue. Certains disent n’avoir toujours pas compris le silence des autorités. Ces derniers se disent inquiets que le Mali ne soit devenu un pays de non droit.
Rappel des faits
Ce vendredi 3 septembre, le commissaire divisionnaire Oumar Sankaré, commandant de la force spéciale antiterroriste FORSAT a été écroué à la Maison centrale d’arrêt de Bamako. Il a été inculpé pour « meurtres, coups mortels, coups et blessures volontaires aggravés et complicité » par la chambre d’instruction du tribunal de la commune 3. C’est dans le cadre des enquêtes sur les tueries des 10, 11 et 12 juillet 2020. Des tueries survenus lors de la repression d’une des manifestations du M5-RFP (mouvement du 5 juin) contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keita. Aussitôt son inculpation annoncée, le collectif des syndicats de la police a organisé une manifestation pour protester contre cette arrestation. Le mouvement s’est ensuite dirigé vers la Maison centrale d’arrêt de Bamako où était écroué l’officier de police.