935 enlèvements ont été enregistrés au Mali depuis 2017 dont 318 pour la seule période de janvier à août 2021. C’est ce qui ressort d’un rapport de l’institut d’études de sécurité (ISS) publié mercredi 8 septembre 2021. Le document indique que 97% des civils enlevés depuis 2012 sont des Maliens. 62% des enlèvements ont eu lieu dans les régions de Mopti et Ségou. Ces rapts sont imputés aux groupes terroristes, aux milices et groupes d’auto-défense. L’institut appelle les média à mettre l’accent sur la couverture de ce phénomène qui prend de l’ampleur dans le pays.
Ce rapport a été élaboré grâce au concours de l’organisation Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED). Dans le document, plus de 33% des enlèvements sont attribués à des groupes armés non identifiés. Alors que plus de 17% sont imputés aux milices et groupes d’auto-défense communautaires. Les groupes jihadistes sont responsables de plus de 46% des enlèvements répertoriés par ACLED entre janvier 2012 et juillet 2021. L’objectif pour ces groupes, indique le rapport, est d’empêcher le retour de l’État, de couper court à toute contestation locale. Mais aussi les ravisseurs se serviraient des otages comme monnaie d’échange, explique le document.
Si le phénomène n’est pas nouveau, le profil des victimes a néanmoins changé note également le rapport. Maintenant les personnalités influentes, les journalistes, ainsi que les représentants de l’État, figurent parmi les cibles les plus fréquentes. Mais la fréquence des enlèvements est telle que la plupart passe inaperçue. Aussi, rapporte le document, les enlèvements représentent près de ¾ des incidents de violence touchant les humanitaires.
Historiquement, le ciblage des étrangers a parfois répondu à des motivations stratégiques internes aux mouvements jihadistes, conclut le rapport. Pour l’ISS, l’expérience du Mali en matière de négociation pour la libération d’otages représente également une opportunité. « Elle démontre l’existence de canaux de communication qui pourraient servir à dialoguer avec les groupes insurgés », souligne l’institut.
« Les élèvements des nationaux sont de plus en plus récurrents car les étrangers évitent actuellement les zones dites rouges du pays », explique Ornella Moderan, cheffe du programme Sahel à l’institut d’études de sécurité. Pour elle, depuis la signature de l’Accord pour la paix et la reconciliation, le phénomène est plus fréquent au centre qu’au nord du pays.
Ornella Moderan, cheffe du programme Sahel à l’institut d’études de sécurité :