La pratique de l’esclavage par ascendance se poursuit dans la région de Kayes. La semaine dernière, dans une vidéo sur les réseaux sociaux, des jeunes traités d’esclaves étaient ligotés et torturés par d’autres supposés être des maîtres dans le cercle de Bafoulabé. Face à ces violences, les défenseurs des droits de humains invitent « les autorités de poursuivre et traduire en justice les auteurs, co-auteurs et complices de ces abus des droits de l’Homme ». Des chercheurs alertent également sur l’exploitation de ces violences autour de l’esclavage par des présumés terroristes dans la région de Kayes.
Plus de 37 personnes ont été interpellées après ces affrontements entre pro et anti esclavagistes survenus le 29 septembre dans le cercle de Bafoulabé. Un calme précaire règne sur place ce mercredi 6 octobre. Toutefois, l’association malienne des droits de l’Homme (AMDH) invite les autorités de la transition à adopter une loi criminalisant l’esclavage par ascendance au Mali. « Un simple mot, je ne suis pas ton esclave ne doit pas déclencher entre personnes civilisées ce genre de comportement », affirme Me Moctar Mariko, président de l’AMDH. « C’est pour cette raison que nous demandons à la justice d’aller jusqu’au bout » poursuit-il. Me Mariko signale que « l’atteinte à l’intégrité corporelle est interdite par tous les textes du Mali et toutes les conventions signées par le Mali ».
Amadou Maguiraga, chercheur à l’Institut Malien Recherche Action pour la Paix (IMRAP) attire aussi l’attention des décideurs et habitants des zones concernées. « Les attaques à main armée sont fréquentes sur la route de Kayes. J’ai l’impression que les jihadistes sont en train de quitter le centre pour la région de Kayes », estime Amadou Maguiraga. Il indique que la frustration de certaines communautés de la région à cause de « la pratique d’esclavage » pourrait être exploiter par les présumés terroristes. Il estime que « ces individus torturés par des supposés maîtres pourraient grossir le rang des terroristes ».
Le Gouverneur de la région de Kayes, à la tête d’une forte délégation, s’est rendu lundi dernier à Oussoubidiagna, commune rurale de Tomora. Il s’agissait pour le chef de l’exécutif régional de sensibiliser les habitants et d’apaiser la tension née des affrontements liés à l’esclavage par ascendance le 29 septembre dernier. Selon le gouverneur, force doit rester à la loi.
Rappelons que ces événements surviennent plus d’un mois après le forum régional d’entente sociale tenu à Kayes le 16 août dernier. Cette rencontre a pris fin par la signature d’un « pacte social » pour garantir la cohésion entre toutes les communautés de la région de Kayes.