Le MNLA suspend tout partenariat avec la Minusma et menace de quitter la table des négociations d’Alger, après les événements de Tabankort. Le mouvement rebelle exige que la lumière soit faite sur la mort de ses combattants après «les récents bombardements des forces onusiennes». L’annonce a été faite au cours d’une conférence de presse tenue hier à Rabat au Maroc. Le MNLA a aussi présenté plusieurs exigences pour la reprise de la coopération avec la mission onusienne.
Première exigence : le MNLA demande à la minusma des explications et des excuses publiques et officielles. Le groupe rebelle exige ensuite le dédommagement de toutes les victimes ainsi qu’une « véritable neutralité de la Minusma » dans la crise du nord du Mali. Le MNLA ajoute à sa liste, la demande de l’ouverture d’une enquête internationale pour faire la lumière sur ces tragiques événements de Tabankort.
En attendant, les mouvements de la coordination suspendent jusqu’à nouvel ordre toute collaboration avec la Minusma, y compris dans les pourparlers d’Alger. Une nouvelle étape de ce processus devrait commencer en février prochain. Selon le conférencier, la Minusma s’est rendue « coupable de dérapages incroyables et inexplicables qui sont en contradiction avec sa mission ». « Il n’est donc pas question de laisser passer de tels dérapages », a-t-il ajouté.
Mercredi dernier, un hélicoptère de la Minusma a tiré sur les combattants du MNLA à Tabankort faisant plusieurs victimes dans les rangs du mouvement. La mission onusienne, qui a confirmé ces tirs dans un communiqué, a affirmé avoir riposté à des tirs du MNLA sur ses casques bleus.
Les revendications du MNLA peuvent-elles compromettre le processus d’Alger dont une étape décisive commence bientôt? Le juriste Amadou Tiéoulé Diarra pense que «non». Selon l’universitaire, le MNLA veut jouer à l’enlisement dans ce processus d’Alger. Et c’est à la communauté internationale d’apprécier si on peut exclure l’arbitre au profit d’un camp.
Me Amadou Tiéoulé Diarra est avocat au Barreau malien et chargé de cours à l’université de Bamako. Il a été joint par Sékou Gadjigo.
« Si l’arbitre en vient à descendre sur le terrain, c’est parce qu’il a senti sa sécurité menacée à telle enseigne qu’il ne pouvait pas faire autre chose que de répliquer. En répliquant, il y a eu ces dégâts mais cela n’est pas une raison pour que le MNLA dise qu’il se retire des négociations. Le MNLA doit participer à ces négociations et mettre cela sur la table, pour que la question soit discutée.
Comment le MNLA peut avoir confiance en la force Barkhane et ne pas avoir confiance en la Minusma ? Alors que le MNLA même est partie prenante de la Minusma, car c’est la communauté internationale. C’est vraiment absurde. C’est du nihilisme. Une telle position participe à un enlisement, un pourrissement pour que tout le monde se décourage et se retire. En fait le MNLA ne veut pas que cette situation bouge. »