Pour les défenseurs des droits de l’Homme, la création d’un tribunal d’assistance juridique renforcera la protection des victimes de l’esclavage par ascendance au Mali. Ils l’ont annoncé ce 2 décembre 2021 au cours d’une conférence débat à Bamako. C’était à l’occasion de la journée mondiale pour l’abolition de l’esclavage.
« L’esclavage par ascendance au Mali, un frein pour la paix et la cohésion sociale », c’est le thème retenu pour la deuxième édition de ladite journée. Le coordinateur national du mouvement pour la sauvegarde des droits de l’Homme rappelle que l’objectif de cette journée est d’accentuer la communication sur la pratique de l’esclavage par ascendance. « C’est la forme d’esclavage la plus répandue au Mali. Cette pratique a pris une autre tournure dans la région de Kayes, avec plusieurs assassinats qui n’honorent pas notre pays. Elle est également fréquente au Nord et au centre du pays », déplore Boubacar N’Djim. Le coordinateur national du mouvement pour la sauvegarde des droits de l’Homme estime que cette forme d’esclavage contribue à la discrimination de certains groupes dans la société. « Cette conférence a pour objectif d’ouvrir les débats sur la problématique en sensibilisant l’opinion sur l’existence de cette pratique », rappelle N’Djim.
Les victimes ont besoin de plus d’assistance
Salif Fofana Directeur exécutif de l’Amnesty international Mali demande au gouvernement plus d’assistance pour les victimes d’esclavage. « Les victimes ont besoin de deux choses : l’assistance et la protection », souligne M. Fofana. « Le tribunal de grande instance de Kayes a besoin de ce système. Je plaide pour que d’ici la fin de l’année qu’un bureau d’assistance juridique soit créé auprès du tribunal de Kayes », recommande le Directeur exécutif d’Amnesty International Mali. Pour lui, « cela facilitera l’accès des victimes à la justice ».
La question de l’esclavage sera bientôt débattue
Le représentant du ministre de la justice a promis que le département s’attellera pour donner satisfaction à la requête d’Amnesty. Diakaria Doumbia a regretté que cette pratique sape les efforts de l’État en matière de protection des droits de l’Homme.
« Dans le cadre de la relecture du code pénal malien, la question de l’esclavage sera débattue et très certainement intégrée à l’arsenal juridique de notre pays », promet Diakaria Doumbia. « En attendant, le ministre de la justice a par lettre instruit aux procureurs généraux auprès de la Cour d’appel de prendre toutes les dispositions nécessaires en vue d’engager des poursuites contre toutes les personnes impliquées dans les actes en lien avec le phénomène », rappelle M. Doumbia.
En dépit des efforts menés par les défenseurs des droits humains, la pratique continue dans la région de Kayes. Selon les rapports, elle a provoqué le déplacement des femmes et des enfants, causé des morts et des blessés.