Après neuf ans de présence pour combattre les jihadistes, la France, ses partenaires européens et le Canada annoncent le retrait de leurs forces militaires du Mali. Mais ces forces resteront déployées dans d’autres pays du Sahel.
Le Président français a organisé ce mercredi soir un diner de travail entre dirigeants africains et européens. C’est à la suite de cette rencontre que l’annonce a été faite. La force française Barkhane et la force européenne Takuba vont quitter le Mali. Un retrait qui se fera de façon « coordonnée », indiquent les dirigeants européens et leur partenaire du Canada.
Ils expliquent cette décision par « les multiples obstructions des autorités de transition maliennes ». Selon eux, les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel dans la lutte contre le terrorisme. Toutefois ces pays affirment qu’ils restent déterminés à soutenir le Mali et sa population dans leurs efforts pour obtenir une paix durable et la stabilité
Le chef d’état français a précisé que « ce retrait se traduira par la fermeture des emprises de Gossi, de Ménaka et de Gao » au Nord. « Ces fermetures se feront de manière ordonnée, avec les forces armées maliennes et avec la Mission des Nations unies au Mali », ajoute Emmanuel Macron. Tout en précisant que le retrait des troupes françaises prendra 4 à 6 mois.
2 400 militaires français sont actuellement au Mali dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane, selon l’Élysée. Ces militaires seront redéployés dans d’autres pays, car selon l’état-major français, 2500 à 3000 soldats français resteront toujours au Sahel après le retrait du Mali.
« Le Mali n’est pas seul »
Bamako n’a pas encore réagi à cette annonce de la France et ses alliés. Les relations entre le Mali et la France sont tendues depuis plusieurs mois. Paris exige du gouvernement de transition l’organisation des élections pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Aussi les autorités françaises ont dénoncé « la présence des forces paramilitaires russes de Wagner dans le pays ». Une présence que les autorités de la transition ont toujours démentie et demandé à la France d’apporter des preuves.
« Le Mali n’est pas seul et le Mali ne restera pas seul », a déclaré le Colonel Souleymane Dembélé, responsable de la Direction de l’Information et des Relations Publiques de l’Armées. C’était au cours d’une conférence de presse ce jeudi. Le directeur de la DIRPA est revenu sur la montée en puissance de l’armée malienne sur les théâtres des opérations. Le col. Dembélé rassure les populations et les invite à rester optimiste..
Pour l’analyste politique Bakabigny Keita, le retrait déjà « annoncé et programmé » de la force Barkhane du Mali est un « non événement ». Il estime que les forces Barkhane et Takuba n’ont pas pu accomplir leur mission de sécurisation au Mali puisque les groupes djihadistes conservent leur pouvoir de nuisance dans toutes les zones occupées à leur arrivée .
Bakabigny Keita enseignant chercheur à l’université de Bamako