Le Mali célèbre aujourd’hui le 24e anniversaire de l’avènement de la démocratie. L’événement a été marqué par un dépôt de gerbe de fleurs par le Président de la République au monument des martyrs. IBK a saisi l’occasion pour appeler les maliens » à s’unir pour que le combat des martyrs ne soit pas vain « .
Il y a 24 ans une insurrection populaire balayait le régime dictatorial du Général Moussa Traoré. Cette révolution menée par des organisations syndicales, des associations estudiantines, des mouvements politiques a été réprimée dans le sang. Plusieurs dizaines voir centaines de maliens y ont laissé la vie.
Le 26 mars 1991, après plusieurs semaines de manifestations sanglantes, un groupe d’officiers et de sous-officiers sous la bannière du Comité de Transition pour le Salut du Peuple, dépose le Président Traoré et met fin à son régime répressif.
C’est ainsi qu’une nouvelle ère s’instaure dans le pays : la liberté d’expression, d’association, de presse, le multipartisme deviennent des réalités. Le pays se dote d’une nouvelle constitution et organise ses premières élections libres et démocratiques.
Le Président IBK qui a déposé une gerbe de fleurs au monument des martyrs ce matin, a appelé les maliens à « se retrouver pour que le rêve et le combat des martyrs du 26 mars ne soient pas vains ». Selon IBK, l’engagement du Mali dans le processus de paix avec cinq ministres du gouvernement consacrés à cela s’inscrit dans cet ordre d’idée.
Après 24 années de démocratie, quel bilan tirer aujourd’hui ? Pour beaucoup de maliens, » les objectifs de 1991 n’ont pas été véritablement atteints ». Ils estiment que la démocratie n’est pas réellement appliquée dans le pays. Écoutons les réactions des Bamakois au micro de Nadège Douyon.
« On ne peut pas dire que la démocratie est appliquée de façon véritable. En réalité, dans beaucoup de domaines, il y a des problèmes. Avec la démocratie, les médias se sont diversifiés effectivement, mais les droits des hommes sont souvent piétinés et bafoués par les autorités. Et je me demande si les objectifs de 1991 ont été véritablement atteints.»
« Les réalités du Mali ne se vivent pas essentiellement à Bamako. Il faut tourner un peu dans le Mali profond, on va se rendre compte effectivement qu’en réalité rien ne bouge jusqu’à présent. Donc ce peuple souffre encore. »
« Le gouvernement n’a pas été efficace jusqu’à ce point, puisque, ici là, jusqu’à présent on na des problèmes. L’État n’arrive pas à gérer suffisamment la situation. Le Mali en grosso modo, ça ne va pas. »
Pour Djiguiba Keita, militant du mouvement démocratique, l’avènement de cette nouvelle ère a été « globalement positive » , car il a permis à notre pays de « se mettre la voie du développement réel ». Toutefois, le secrétaire général du parti Parena estime que le pays doit revoir sa gouvernance.
Djiguiba Keita dit « PPR », joint au téléphone par Sékou Gadjigo
« Le bilan est globalement positif. Il y a eu des hauts et des bas, mais l’avènement de la démocratie a fait que le Mali est entré dans une ère nouvelle, dans une ère de développement réel. On a pris la voie d’un pays moderne. C’est une démocratie en construction donc il y a forcement des hauts et des bas. En 2012 on a trébuché avec l’avènement du coup d’État le plus stupide du monde. Fondamentalement on est un pays démocratique. Les fondamentaux en matière de liberté sont là. Mais c’est la gouvernance qui est catastrophique, c’est la gouvernance qui a amenée beaucoup de problèmes. Si nous avons quelque chose à faire c’est comment instaurer une nouvelle gouvernance. Une gouvernance de prévision, une gouvernance de longue vie. Il faut que le peuple se mobilise pour revendiquer ce pourquoi il a fait la révolution. Nous avons fait la révolution effectivement pour la démocratie et la liberté mais également pour la bonne gouvernance, pour le « kokadjè » pour que les corrompus du pays soient traqués. Mais malheureusement le Mali est un pays d’impunité et cela peut nous amener très loin ».