Le Mali se refait une santé économique. Une délégation du Fonds monétaire international en mission au Mali l’a annoncé hier au cours d’une conférence de presse. Selon la mission du FMI, l’économie malienne a renoué en 2014 avec une croissance vigoureuse de 7,2%. Et de belles perspectives sont également prévues en 2015.
Selon la délégation du FMI, cette bonne croissance a été rendue possible grâce à la bonne campagne agricole que le Mali a enregistré en 2014. De plus, le pays a consenti des efforts importants dans le dernier trimestre 2014 pour renforcer la gestion des finances publiques en insistant sur le respect des règles budgétaires et de passations des marchés ». Cette augmentation devrait se poursuivre en 2015 avec une prévision de 5,0%.
Le chef de la délégation du FMI, Christian Josz a rappelé qu’en 2013, « la croissance n’a pas dépassé 1,7% à cause d’une mauvaise récolte ». Par contre en 2012, la croissance a été nulle en raison de la grave crise politico-sécuritaire qui a frappé le pays.
Le ministre malien de l’économie et des finances Mamadou Igor Diarra s’est félicité de la confiance retrouvée entre le Mali et le FMI. Il a aussi déclaré que « le gouvernement malien était décidé à lutter contre la culture de l’impunité et à s’atteler à avoir une économie performante pour assurer le développement du Mali ».
En 2014, le FMI avait suspendu sa coopération avec le Mali, suite aux irrégularités relevées dans l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires. Selon Christian Josz, « la situation a été régularisée, et le Mali a mis de l’ordre dans ses affaires ».
Selon le ministre de l’économie et des finances, « les relations entre le Mali et le FMI sont désormais au beau fixe ». Mamadou Igor Diarra a estimé que cette situation devrait permettre « d’ouvrir la porte d’accès à d’autres financements ».
Mamadou Igor Diarra, ministre de l’économie et des finances au micro de Barké Cissé.
« Désormais, les relations entre le Fonds monétaire international et notre pays sont au beau fixe. Elles le sont, ne serait-ce que par la qualité des échanges, mais elles le sont aussi par les appuis multiformes dont nous bénéficions de la part de cette institution. Appui en terme de conseils, d’assistance, mais également appui financier. Et je rappelle que ce sceau de certification qu’est la revue avec le Fonds monétaire internationale ouvre pour notre pays la porte d’accès à d’autres financements, notamment de la part des bailleurs de fonds traditionnels sur l’appui budgétaire, mais également sur les appuis sectoriels concernant différents projets. Je crois que le prochain décaissement est prévu en Juin, juste après la tenue du conseil d’administration du Fonds »
Certains économistes s’interrogent sur la fiabilité de ces informations car selon eux, cette croissance ne se voit pas dans la population. Toutefois ils estiment que si ces chiffres se confirmaient, ils pourraient attirer de nouveaux investisseurs dans notre pays.
Dr. Abdramane Coulibaly, professeur d’Économie à l’Institut Universitaire de Gestion, joint téléphone par Sékou Gadjigo.
« Le taux de croissance est calculé sur la base du PIB. Le PIB n’est que le niveau de richesse nationale créée dans un pays par les acteurs, aussi bien nationaux qu’étrangers. Mais la question est de revoir la fiabilité des données. Dans le PIB qui représente le Produit intérieur brut, c’est l’ensemble des richesses créées dans un pays. Et lorsque vous regardez le secteur économique au Mali, on se rend compte que le secteur minier en principe tient la barre, parce qu’en terme de recettes fiscales, en terme de valeur ajoutée, en terme de richesse, le secteur minier tient les autres secteurs. Et on se rend compte que le secteur minier a connu une crise à cause de la baisse de l’once d’or l’année dernière. Donc c’est des informations qu’il faut prendre avec beaucoup de prudence, parce que cette croissance économique ne se voit pas dans la population en réalité. Par rapport aux conséquences économiques et sociales, le Mali va devenir un pays fréquentable, car cette situation va montrer que la bonne gouvernance est à jour, les dépenses sont mieux cadrées, le contrôle des dépenses est bien fait, l’ordonnancement des dépenses est également bien fait. Cela, logiquement, doit pouvoir attirer les investisseurs au Mali ».