Plus de 120 000 enfants africains morts à cause de faux médicaments. Des experts réunis, il y a quelques jours à Dakar, s’alarment de «l’industrie assassine» des faux médicaments en Afrique. La contrefaçon représenterait 30% des traitements sur le continent.
Manque de ressources humaines et de laboratoires, sanctions dérisoires, cherté des produits pharmaceutiques. Les experts se sont alarmés: l’Afrique représente une proie facile pour « l’industrie assassine » des faux médicaments qui prospère sur la mondialisation. Selon un numéro spécial de l’American Journal of Tropical Medicine, sur la qualité des médicaments, 122 350 enfants africains sont décédés en 2013. En cause : un faux antipaludéen et un autre de piètre efficacité. En Afrique, le tiers des médicaments contre le paludisme, est constitué de « faux ». En Afrique, « 30% des médicaments contrefaits viennent de l’Inde et de la Chine », selon l’Organisation mondiale de la Santé. Les sanctions dérisoires encourues n’arrangent rien : la répression du trafic de faux médicaments reste insignifiante par rapport à la gravité du phénomène en Afrique, avec des peines jugées peu dissuasives. Au Sénégal, 42 personnes ont été condamnées à 15 jours de prison pour trafic de faux médicaments en mai 2014.
Pour le vice-président de l’Ordre des pharmaciens du Mali, la pauvreté ne serait pas la seule explication au recours aux faux médicaments dans le pays. Il estime que depuis des années, les prix des produits pharmaceutiques diminuent au Mali. Pour lui, de nouvelles mesures s’imposent aujourd’hui pour qu’aucun médicament n’échappe au circuit de contrôle de normalité.
Moussa Gouro Diall, vice-président de l’Ordre des pharmaciens du Mali, était l’invité du Grand dialogue, hier:
« Il y a un schéma directeur d’approvisionnement qui est édicté par la politique nationale pharmaceutique au Mali. Si ce schéma est respecté, en principe on ne devrait avoir aucun problème par rapport à ces faux médicaments. Aujourd’hui avec des méthodes ultra sophistiquées on arrive à reproduire exactement les mêmes informations que la molécule précepte. Par rapport à la question de la pauvreté, je dirai qu’il n’y a pas que la pauvreté qui amène les gens vers l’utilisation de ces médicaments. L’approche accueil avait été un des facteurs très important qui avait détourné les gens des structures publiques. Ils sont finalement partis vers des structures informelles et là ils sont parvenus à trouver ces médicaments qu’on pense être des médicaments moins chers. Mais on sait aujourd’hui, depuis l’initiative de Bamako qui remonte maintenant à des années et dont le Mali a été un des pionniers, qu’il existe des médicaments beaucoup moins chers. Donc nous ne devons plus aller vers ce secteur, ou trouver des excuses et des explications pour dire que parce que c’est moins cher ».