La France revoit sa position sur la situation au Mali. Alors que son Président Emmanuel Macron avait menacé de retirer ses troupes du pays, son ministre des affaires étrangères a déclaré qu’elle conditionnait le maintien de son engagement au respect des recommandations de la CEDEAO. Au Mali, la menace de Macron a été diversement appréciée.
Dans sa déclaration Jean Yves Le Drian affirme que la France partage la priorité absolue accordée par la CEDEAO à l’organisation de élection présidentielle au 27 février 2022. Aussi, la France appuie la mise en place par la CEDEAO d’un mécanisme de suivi du respect de la période de transition. La France revient ainsi sur sa position qu’elle avait affirmée la veille. Dans une interview accordée à un journal français, le Président français menaçait de retirer ses troupes engagées au Mali. « La France ne resterait pas aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique ni de transition. », avait déclaré Emmanuel Macron. Cette menace du Président français a fait réagir au Mali.
Réactions au Mali
Au Nord au Centre et à Bamako, les avis divergent. Certains ne voient pas d’inconvénients à un éventuel retrait des troupes françaises. « Si Emmanuel Macron veut, il peut retirer son armée dès aujourd’hui même. Que la France soit là ou pas, je ne vois pas son utilité. S’il y a un autre pays qui peut faire mieux que la France, il n’y a pas de problème », disent-ils. D’autres par contre, préfèrent que la France continue à lutter contre le terrorisme au Mali et dans le Sahel. « Moi, je préfère que le Mali continue toujours avec la France ».
Selon des observateurs, un éventuel retrait de la France aurait d’énormes conséquences sur le Mali et la population malienne. Au regard des différentes crises que traversent le pays, cette option n’est vraiment pas souhaitable estiment-ils. « Le pays traverse une difficulté énorme sur le plan sécuritaire. Nos militaires n’ont pas les moyens nécessaires encore moins l’État pour faire face aux djihadistes », prévient le politologue Ballan Diakité. « Je penses que le souhait de tout Malien est que les français restent au Mali le temps que le pays puisse se redresser ».
Deux poids…deux mesures de la France ?
Certains disent ne pas comprendre l’attitude de la France qui a fermé les yeux, selon eux sur la prise du pouvoir anti-constitutionnelle de l’armée tchadienne après la mort d’Idriss Déby. Mais pour l’universitaire Ballan Diakité, le cas malien n’est pas comparable à celui du Tchad. « La France est dans son plein droit de hausser le ton au Mali, puisqu’elle y laisse des vies. Ce qui n’est pas tout à fait le cas au Tchad. Au Tchad, jusqu’à présent l’État existe. Les 2/3 du territoire Tchadien ne sont pas annexés. Et l’État tchadien n’est pas assisté par la communauté internationale alors que nous sommes sous assistance de la communauté internationale », argumente-t-il.