Que deviennent les hommes de médias enlevés ou disparus ? Quelles sont les mesures prises pour ceux qui sont menacés ou violentés ? Qu’est-ce qui est fait pour rendre la presse malienne plus libre ? Ce sont, entre autres, les questions que se posent des acteurs de la presse malienne et leurs proches à la veille de la journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai. Selon le classement mondial de la liberté de la presse 2021 de Reporters Sans Frontières, le Mali est passé de la 108ème place en 2020 à la 99ème place cette année sur 180 pays. Une « avancée salutaire » pour certains observateurs. Toutefois, des journalistes maliens disent ne pas voir cette « avancée« . Ceux-ci dénoncent « des menaces et autres violences à leur encontre qui s’accentuent« . Les autorités maliennes, de leur côté, tentent de rassurer. Elles disent être à pied d’œuvre pour lutter contre ces mauvaises pratiques.
La disparition de Birama Touré du journal « Le Sphinx », l’assassinat des journaliste et technicien de RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon sont, avec l’enlèvement de Hamadoun Nialibouly, de la radio Dandé de Douentza, parmi les cas emblématiques au Mali. Ces situations marquent les esprits des hommes de médias maliens à quelques heures du 3 mai, journée mondiale de la liberté de la presse. Certains journalistes constatent aujourd’hui un « recul » de la liberté de la presse dans le pays. Nous faisons souvent face à « des menaces de tout genre avec des interpellations au niveau des Brigades d’Investigations Judiciaires, des tentatives de disparition forcée », déplorent-ils. « L’accès à l’information également nous pose d’énormes problèmes », ajoutent ces derniers.
Le président de la Maison de la presse du Mali, Bandjougou Danté, affirme reconnaître que ces dernières années ont été « pénibles » pour la presse malienne. Faute d’une loi régissant la presse en ligne, les journalistes qui travaillent pour les médias en ligne sont couramment victimes de harcèlement, voire même d’emprisonnement illégal, rappelle M. Danté. Pour lui, il est donc urgent d’adopter une loi pour réglementer ce secteur. « Il y a une liberté, mais une liberté limitée par une loi liberticide », précise-t-il. En meme temps, d’autres journalistes profitent de cette occasion pour demander à leurs confrères d’exercer ce métier avec beaucoup plus de professionnalisme. Il faut souligner qu’au niveau mondial, l’édition 2021 de la journée de la liberté de la presse a pour thème « l’information comme bien public« . Au Mali, les acteurs ont choisi comme thème « la cybercriminalité et la liberté de la presse« .
Les autorités de la transition disent être conscientes des risques auxquels les hommes de médias font face au Mali. Elles promettent aussi de prendre les mesures nécessaires. En ce qui concerne les « dérapages« , « nous ne voulions pas nous mettre en gendarme de la presse. Nous avons une école de journalisme. Nous allons faire en sorte que beaucoup de personnes passent par cette école », affirme le ministre de la communication et de l’économie numérique, Hamadoun Touré.
Cette édition intervient à quelques mois des sept elections qui se préparent dans le pays, selon le chronogramme annoncé par la Transition. Ainsi, des habitants de la capitale insistent sur la nécessité d’une presse libre pour informer sans entraves. En même tempts, le manque de vérification des faits ou encore la diffamation sont quelques-uns des reproches des populations à l’endroit de la presse malienne.
Écoutons les propos de certains habitants de Bamako :