Le processus de paix inter-malien d’Alger a été parachevé hier à Bamako avec la signature par la CMA de l’accord pour la paix et la réconciliation. Toutes les parties impliquées dans la crise malienne ainsi que la médiation internationale étaient présentes à la cérémonie.
C’est Sidi Ibrahim Ould Sidatti qui a signé au nom des mouvements de la Coordination. Cette signature met ainsi fin à neuf mois de discussions inter-maliennes à Alger sous l’égide de la médiation internationale. Pour le ministre malien des affaires étrangères, après cette étape, il faut s’atteler à la mise en application de l’accord. Abdoulaye Diop est au micro de Sékou Gadjigo :
«Dans quelques minutes, nous aurons la première réunion du comité de suivi avec toutes les parties prenantes de la médiation internationale, mais aussi les parties concernées. Parce qu’à partir d’aujourd’hui va se dérouler un calendrier qui sera attaché à l’accord. Donc à partir d’aujourd’hui nous allons identifier toutes les échéances 30 jours, 60 jours, et à 60 jours, nous pouvons déjà engager le processus pour que l’armée puisse se déployer sur l’ensemble du territoire national, mais de façon progressive. Donc il y a un certain nombre d’échéances qu’il faut mettre en place. Il y a des groupes thématiques qui se mettront en place pour suivre le processus de désarmement et de démobilisation. Sur le plan développement, une stratégie de développement doit pouvoir être élaborée. Nous espérons organiser dans les semaines à venir une conférence des donateurs pour pouvoir mobiliser toutes les ressources nécessaires pour la mise en œuvre de l’accord. Donc il y a beaucoup de choses à faire que je ne peux pas lister ici. Mais nous avons un chronogramme très très précis et le gouvernement a déjà mis en place des structures chargées de piloter ces œuvres là ».
Comme annoncé par le ministre malien Affaires étrangères dans cette interview, le Comité de suivi de l’accord s’est réuni aujourd’hui à Bamako. Au centre des discussions, les modalités de mise en œuvre de l’accord.
Par ailleurs, le ministre français de la défense, Jean Ives Le Drian, est attendu demain à Bamako.
Pour les mouvements armés de la Coordination, « la signature seule ne suffit pas. Il faut que toutes parties respectent leurs engagements. Selon Sidi Ibrahim Ould Sidatti, « il faut rétablir la confiance entre les différentes parties ».
Il l’a dit au micro de Mohamed Salaha :
« Nous nous réjouissons vraiment de l’atmosphère fraternelle dans la salle. Nous espérons vraiment continuer ces rapports là pour que les choses puissent avancer dans le bon sens. Je pense que tout le monde a été claire pour dire que nous voulons mener un dialogue sans armes. C’est notre souhait que le dialogue puissent se faire sans armes. Le plus vite possible, ce sont les mesures de confiance, ce sont les problèmes de sécurité et puis l’urgence, parce que nous sommes dans une période de soudure. Il faut vraiment apporter une urgence aux populations dans le nord. Nous attendons la libération des détenus, les actions par rapport à la communication au niveau des médias. Il faut que les gens communiquent dans le bon sens et évitent vraiment de faire des déclarations qui sont de nature à envenimer la situation. Je pense que c’est ce qu’on appelle les mesures de confiance ».
Du côté de la plate forme, on estime qu’ « il faut cette fois-ci donner une chance à la paix », même si on reconnaît que « la mise en ouvre de l’accord ne sera pas facile ». Toutefois, les mouvements de la plate forme réaffirment leur engagement en faveur de la paix.
Azaz Ag Idagdad, est responsable du GATIA, membre de la plate forme. Il est au micro de Sékou Gadjigo :
« Je suis très heureux en tant que Gatia, et en tant que plate-forme surtout, très heureux de rencontrer et de faire des accolades avec mes frères de la CMA. Nous allons tous donner une chance à ce processus, nous allons donner une chance à cette paix, pour le Mali et pour son développement. Je pense que c’est un jour heureux pour nous de nous retrouver et vraiment de sceller la paix. Nous pensons que ce sera la bonne solution cette foi ».
On a vu que la signature n’a pas été chose aisée. Que préconisez-vous pour la bonne mise en œuvre de cet accord ?
« Ce ne sera pas un exercice très facile, mais je pense que les potentialités que nous avons en ressources humaines vont venir à bout de tous les écueils et de tous les obstacles. En tout cas, en ce qui concerne la plate-forme en général et en particulier le GATIA, nous sommes prêts à aller de l’avant, nous sommes prêts à faire la paix au Mali ».
L’opposition malienne, de son côté, se dit pessimiste par rapport à la mise en œuvre de cet accord. Elle estime que « le Mali ne pourra pas honorer les engagements pris dans ce document ». Selon l’opposition, « cet accord contient des germes de partition du Mali ».
Djiguiba Keita est secrétaire général du PARENA, membre de l’opposition. Il a été joint au téléphone par Barké Cissé.
« On peut dire qu’enfin le Mali a signé un accord. Parce que, encore une fois le 15 mai, la signature sans la CMA n’avait pas beaucoup de sens. Ça ridiculisait le pays, ça ridiculisait tout le monde. Maintenant hier on a signé un papier. Un papier que nous avons dénoncé bien avant aujourd’hui, dont nous avons dénoncé le contenu comme contenant les germes de la partition du pays. Maintenant qu’il soit signé, nous ne pouvons que souhaiter bon vent au Mali. Très honnêtement je ne suis pas optimiste, par ce que je trouve que l’accord n’est pas réaliste. Et puis les conditions qui sont posées sont elles que le Mali ne peut pas les remplir. Quant à la fiabilité de la rébellion, tout le monde sait qu’on ne peut pas leur faire confiance, parce que ce ne serait pas la première fois qu’ils apposent leur signature sur un document et qu’ils le violent allègrement. Maintenant que c’est la mise en œuvre qui commence, nous, nous souhaitons bon vent au Mali ».
Pour certains acteurs de la crise malienne « la signature de l’accord de paix d’hier met fin aux querelles internes ». Pour eux, « il n’existe plus de CMA ni de plate-forme », mais « une République, un Etat uni ».
Ali Idriss Ould Hamaha est ex combattant de la rébellion ayant rallié Bamako il y a quelques mois. Il en parle au micro de Mariam Maïga.
«Aujourd’hui c’est le peuple qui a parlé, c’est une République démocratique qui a parlé, c’est un Etat de droit qui a parlé. Et donc je pense que c’est au gouvernement aujourd’hui de montrer aux Maliens qu’il a la responsabilité de ramener la paix au Mali. En réalité, par rapport à cette problématique interne, des fois on parle de la CMA, des fois on parle de la plate-forme, etc. C’est tout simplement ridicule. Aujourd’hui la responsabilité totale revient au gouvernement d’appliquer l’accord point par point et qu’il soit aidé par la communauté internationale ».