Le prix de l’huile alimentaire a connu une hausse au Mali depuis quelques semaines. Vendu entre 700 et 900 FCFA, le litre d’huile est aujourd’hui cédé à plus de 1000 FCFA. Qu’est-ce qui expliquerait cette augmentation du prix de l’huile ? Est-elle liée à la crise que le secteur du coton a connue cette année ?
Studio Tamani a vérifié pour vous.
L’huile consommée au Mali est de deux types. Celle importée à partir d’autres pays comme la Côte d’ivoire et le Sénégal et celle produite localement. Selon le président de la fédération nationale des huileries du Mali, Fantamady Kéita, soixante pour cent (60%) de l’huile consommée au Mali sont produites localement. Il indique que le pays compte à ce jour 99 usines de production d’huile. Mais avec la chute de la production du coton consécutive au boycott de plusieurs producteurs de cultiver le coton cette année, seulement 40 unités industrielles sur les 99 fonctionnent à ce jour. Ce qui a impacté la production d’huile et provoqué une flambée du prix.
La demande plus forte que la production
L’huile produite au Mali est faite à partir de la graine de coton. Selon une étude menée en 2013 par un doctorant malien à l’université de Toulon en France, c’est au début de la décennie 2000 que la Compagnie de développement du textile (CMDT) a commencé à vendre la graine de coton issue de la production de l’année aux industries de trituration (huileries). La graine de coton était jusque-là vendue à l’HUICOMA, (huilerie cotonnière du Mali), la seule industrie de production d’huile à l’époque.
Chaque année, selon la fédération nationale des huileries du Mali, la CMDT (compagnie malienne de développement du textile) donne à ces usines six cent cinquante mille (650.000) tonnes de graine de coton. Mais cette année, celles-ci n’ont reçu que trente mille (30.000) tonnes, affirme Fantamady Kéita. Raison: la production du coton a chuté cette année de 710. 000 tonnes à 147. 000 tonnes. Ainsi même avec la quantité de graine de coton achetée hors du pays, les huileries du Mali ne pourront combler que 20% du besoin national. Ainsi selon Fantamady Kéita, cette situation pourrait perdurer cette année, malgré la suppression des taxes d’importation de la graine de coton faite par le gouvernement. Car, explique le président de la fédération des huileries maliennes, les pays voisins qui revendaient de la graine de coton aux huileries maliennes ont également revu leur prix à la hausse.
Diversifier les matières premières, comme alternative
A la direction nationale du commerce de la concurrence et de la consommation, on confirme que la baisse de la production du coton s’est répercutée sur la production d’huile alimentaire. Chaque année malgré la vente de toutes les graines de coton de la CMDT aux huileries maliennes, celles-ci ne peuvent supporter à 100% la consommation du pays. Ainsi, le Mali importe une grande quantité d’huile de l’extérieur.
Selon le directeur du commerce de la concurrence, et de la consommation (DNCCC), Bougadari Doumbia, une bonne partie de la quantité d’huile importée provient de la Côte d’ivoire. Il explique que « chaque année au mois de décembre, les huileries ivoiriennes sont à l’arrêt. Ainsi le déficit crée par cette non production des usines de Côte d’ivoire est comblé par la quantité produite dans le pays », explique le responsable de la DNCCC. Il ajoute que la crise du secteur du coton a provoqué l’arrêt de la plupart des unités de production du Mali et crée une flambée du prix de l’huile dans le pays. Pour des observateurs, le pays doit augmenter la production de coton ou diversifier les matières premières qui servent à la production de l’huile. Ce qui pourrait être une solution à la hausse du prix de l’huile.
Cet article s’inscrit dans le cadre du programme de Fact-checking de Studio Tamani « Studio Tamani-check ».