La frappe aérienne menée le 03 janvier dernier à Bounti, dans le cercle de Douentza, continue de susciter des réactions. La France maintient toujours sa thèse selon laquelle ce sont des djihadistes qui ont été tués dans cette zone. L’association Tabital Pulaku dément cette information et déclare que des civils ont perdu la vie dans cette opération. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), lui, dénonce cette frappe et demande l’ouverture d’une enquête.
«Il n’y a pas eu de rassemblement festif à l’endroit où la frappe est intervenue». Ces propos sont de la ministre des armées françaises, Florence Parly. Elle l’a rappelé ce mardi 12 janvier 2020 à Paris face à la commission défense de l’Assemblée nationale française. La ministre française a aussi souligné que toutes les fausses informations qui circulent sur la frappe à Bounti profitent aux groupes jihadistes qui cherchent à manipuler l’opinion publique. « Notre ennemi au Sahel n’est pas homogène. Les groupes djihadistes profitent de tensions inter communautaires. Et certains combattant qui sont manipulés et embrigadés sous la bannière du Jihad international doivent, s’ils font le choix de déposer les armes et d’intégrer le processus d’Alger, pouvoir retrouver toute leur place dans la vie de leur pays »,précise-t-elle.
Cependant, l’association Tabital Pulaku soutient que ces frappes ont bel et bien visé des civils réunis pour un mariage à Bounti. Cette situation inquiète ses responsables. « L’endroit où ils étaient installés et la maison où il y a eu le mariage c’est là dans l’après-midi qu’un avion de passage a largué des bombes sur le groupe. Cela a fait plusieurs tués et de nombreux blessés. Ils n’ont pas confirmé, mais ils ont affirmé pour justifier leurs actions », a indiqué le Président de l’association Abou Sow. Il ajoute qu’ « il est indéniable qu’il y avait une bavure. Et c’est fort des informations que nous avons reçues qui sont vérifiables, qui sont étayées de preuves palpables que nous avons fait l’affirmation que nous avons faite».
Le bureau la Coordination des actions humanitaires (OCHA) a également réagi suite à ces événements de Bounti. Il se dit préoccupé par les conséquences mortelles des opérations militaires qui mettent en danger la vie et la protection des civils. Dans un communiqué publié mardi 12 janvier, ses responsables ont condamné fermement la mort de plus de 20 personnes lors des événements de Bounti. L’organisation humanitaire demande l’ouverture d’une enquête sur ces incidents.
Au même moment, la commission nationale des droits de l’homme au Mali (CNDH) dit prendre actes des différentes versions sur les événements de Bounty. Toutefois, elle estime qu’elle garde espoir quant au processus d’enquête en cours pour situer les responsabilités.
Me Aguibou Bouaré, Président de la Commission nationale des Droits de l’Homme