Les discussions se poursuivent entre la médiation et les groupes armés pour un retour à la normale dans la région de Kidal. Le week-end dernier de violents affrontements ont opposé les troupes de la CMA aux combattants du groupe d’auto-défense Gatia, appartenant à la plate-forme. La médiation internationale, qui multiplie les rencontres, tente depuis mercredi d’harmoniser les positions et de permettre la reprise du processus.
Depuis lundi un calme précaire règne dans la région de Kidal. Mais la tension reste vive entre les combattants des deux camps. La réunion du Comité de suivi de l’accord d’Alger, prévue ce lundi, a été reportée. Selon le porte-parole du HCUA, la priorité est de « régler d’urgence la question de Kidal ». « Une réunion politique est en préparation à ce sujet », explique une source au sein de la médiation internationale.
Celle-ci multiplie les rencontres avec les parties. Mercredi, elle a rencontré les groupes armés de la plate-forme. Selon le secrétaire général adjoint du Gatia, cette rencontre n’a permis d’aboutir à un compromis. Si la plate-forme s’est déclarée « prête » à accepter la cessation des hostilités, elle rejette en revanche, « le retour aux positions antérieures », demandée par la médiation.
La même rencontre devrait avoir lieu aujourd’hui avec le gouvernement malien.
Après les affrontements du week-end dernier, la Minusma a décidé de la mise en place d’ « une zone de sécurité tampon » dans la localité. Mais cette décision a été critiquée par les parties en conflit, notamment le gouvernement malien qui a mis en garde la mission onusienne contre « tout traitement inéquitable ».
« Les parties doivent déposer les armes et s’inscrire rapidement dans le processus de paix et de réconciliation ». C’est le message lancé par la médiation aux parties en conflit après ces affrontements. Celle-ci multiplie les réunions d’urgence en vue de la prochaine rencontre du comité de suivi. Et selon elle, « le message est clair ».
Cheaka Abdou Touré, représentant spécial de la CEDEAO, joint par Issa Fakaba Sissoko :
« L’objectif était de transmettre, aussi bien à la plate-forme qu’à tous les protagonistes, qu’il s’agissait d’un acte très regrettable et qui en plus, d’ailleurs est une violation flagrante de l’accord de paix que nous venons de signer et de tous les dispositifs d’accompagnement pour la cessation des hostilités. Faire prendre conscience à chacun de ses responsabilités face au fait que nous sommes dans une phase très délicate de mise en œuvre de l’accord ,et que tout dérapage peut être dommageable à la paix. Je pense que nos interlocuteurs nous ont compris. Il y a pu bien avoir des raisons d’en arriver à cette situation. Mais face à la nécessité de la paix et la nécessité de la mise en œuvre de l’accord, aucune justification ne peut être retenue pour soutenir quelque dérapage que ce soit, qui tendrait à mettre en cause le climat de paix légèrement installé. Mais surtout la volonté du peuple malien d’aspirer enfin à la paix. Voilà le signal fort que nous avons envoyé à la plate-forme et nous allons envoyer le même à tous les autres protagonistes ».
La CMA reste dans le processus, mais refuse de participer aux travaux des sous comités de suivi de l’accord. Elle se dit toutefois « prête » à participer à une réunion d’urgence consacrée à la situation actuelle.
Almou Ag Mohamed, est le porte-parole du HCUA. Il est micro par Ayouba Sow :
« Nous sommes dans la logique du processus de paix. Jusqu’à preuve du contraire, nous croyons en la bonne foi des garants de cet accord. Nous croyons que nos amis, nos frères de la plate-forme vont revenir à des meilleurs sentiments, privilégier la paix et arrêter les provocations. Pour nous aujourd’hui, il n’est pas question de faire comme si tout va bien. Nous avons répondu à la lettre du président du Comité de Suivi de l’Accord pour lui dire qu’il n’est pas question pour nous d’aller aux travaux des sous-comités. La seule invitation à laquelle nous pouvons répondre, c’est celle de participer à une réunion d’urgence qui sera dédiée exclusivement à la situation sur le terrain. Nous restons dans la logique de notre dernier communiqué. C’est le retrait total des milices pro-gouvernementales des nouvelles positions qu’elles ont occupées en flagrante violation de tous les arrangements sécuritaires que nous avons signés jusque là ».