Ce mercredi 19 août 2020, les maliens se réveillent avec le sentiment qu’une nouvelle page est tournée. Le président Ibrahim Boubacar Keita a annoncé dans un message radio-télévisé, sa démission, la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée Nationale. Une junte militaire a pris le pouvoir et se présente comme un Comité national pour le salut du peuple (CNSP). C’est l’épilogue d’une succession d’événements démarré dans la matinée du mardi 10 août.
Les militaires ont donc réussi, par la force, il est vrai, ce que le Mouvement du 5 juin n’a pas obtenu : la démission du président IBK intervenu dans la nuit. Celui qu’on peut désormais qualifié d’ex-président, avait été arrêté dans l’après-midi de mardi, à sa résidence, en même temps que son Premier Ministre Boubou Cissé. Ils avaient été conduits sous escorte et sous les vivats d’une foule fraternisant avec les militaires, au camp militaire de Kati.
On image aisément que c’est là, que les putschistes ont exigé et obtenu la démission du président et fait enregistré la déclaration qui sera diffusée à minuit par la radio et la télévision nationale. « Ai-je seulement le choix ? » s’est interrogé ce dernier en poursuivant « je ne souhaite qu’aucun sang ne soit versé pour mon maintien aux affaires. C’est pourquoi je voudrais en ce moment précis tout en remerciant le peuple Malien pour son accompagnement le long de ces longues années, la chaleur de son affection, vous dire ma décision de quitter mes fonctions, toutes mes fonctions à partir de ce moment, et avec toutes les conséquences de droit, la dissolution de l’Assemblée nationale et celle du gouvernement ».
Les événements se sont accélérés la veille au cours de la matinée : l’annonce d’une mutinerie à Kati créé des remous et la panique dans les rues de Bamako. Il y a eu des tirs, des arrestations. On n’en sait pas plus mais les rues se vident, les commerces ferment, la Cité administrative qui abrite presque tous les ministres est fermée. En même temps, les mutins, dont on ignore encore l’identité, procèdent à l’arrestation de plusieurs officiers supérieurs.
En milieu de journée, une manifestation occupe la Place de l’Indépendance. Les manifestants disent agir en soutien aux mutins. La jonction entre les deux groupes se fera quand un convoi militaire passe par là et se dirige vers Sébénikoro, le quartier où se trouve la résidence du chef de l’Etat. Ce dernier, lâché par sa garde, sera arrêté sans résistance et sans coup de feu. Le communiqué publié en début d’après-midi par le cabinet du Premier ministre Boubou Cissé n’aura eu aucun effet. Il demandait aux soldats mutins de « retourner dans les casernes » et appelait au « dialogue pour résoudre la situation. Le gouvernement du Mali demande à tous les auteurs de ces actes de se retirer».
Qui sont les putschistes ? C’est quelques heures après la déclaration de leur prisonnier qu’on connaîtra leur véritable identité. Les membres du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) sont apparus à la télévision pour leur première déclaration. Autour de la table le Général Cheikh Fantamady Dembélé, le Colonel-major Ismaël Wagué, chef d’état-major adjoint de l’armée de l’air (porte-parole), le Colonel Sadio Camara, ex-directeur du Prytanée militaire de Kati, le Colonel Malick Diaw : « Nous, forces patriotiques regroupées au sein du Comité national pour le Salut du Peuple (CNSP), avons décidé de prendre nos responsabilités devant le peuple et devant l’histoire ».
Les frontières aériennes et terrestres sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Un couvre-feu est instauré désormais de 21H à 5H. Une transition est annoncée, que les putschistes veulent brève. Donc des élections à venir !