Crise sociopolitique au Mali : les négociations entre le M5-RFP et le président de la République sont au point mort. Le Mouvement du 5 juin maintient son mot d’ordre de démission du chef d’Etat et appelle à une « mobilisation nationale » 72 heures après la fête de Tabaski. Au même moment, la CEDEAO brandit la menace de sanctions contre les acteurs qui s’opposeront à son plan de sortie de crise. L’ultimatum est prévu demain 31 juillet 2020. Pour certains observateurs, l’échec des différentes médiations pourraient conduire le pays à « un renversement de régime voire même à une guerre civile ».
Pour certains politologues, le président de la République dispose des prérogatives pour éviter que le Mali soit plongé dans un chaos. Selon eux, les échecs des négociations entre les parties pourraient entrainer « une déstabilisation politique, voire une guerre civile ». C’est du moins ce que pense Ballan Diakite, politologue – chercheur au Centre de recherche et d’analyses politiques, économiques et sociales. « Si jamais il y’ a guerre civile, c’est le président de la République il aura voulu, parce qu’il a tous les moyens pour mettre fin à cette crise », analyse Ballan Diakité. Selon le politologue, l’idéal sera de dissoudre l’Assemblée Nationale. Mais le chercheur au CRAPES reste sur ses fins, car selon lui « le président IBK ne veut pas dissoudre l’Assemblée Nationale parce que il y’a certains des ses amis qui seront concernés, alors qu’on parle aujourd’hui de l’intérêt suprême de la Nation malienne, où la Constitution lui donne la possibilité selon les dispositions de l’article de 42 de dissoudre l’Assemblée Nationale ».
Selon Ballan Diakité, les conséquences de l’absence de dialogue entre les acteurs de la crise vont peser sur le malien lambda qui ne dispose d’aucune double nationalité au cas où le pays serait plongé dans une guerre civile. « Que le président de la République descende du haut de sa chaise présidentielle et qu’il vienne à la rencontre de ces manifestants. Parce qu’il y’ a en faite les citoyens maliens qui n’ont pas de double nationalité, qui n’ont pas de passeport, qui n’ont pas d’autres refuges si n’est pas que le Mali », renchérit Ballan Diakité. Le politologue craint que cette situation crée un désordre politique. « Aujourd’hui une crise sociale qui pourrait être assimilée à une guerre civile va créer du désordre et c’est le peuple qui sera le grand perdant », conclut-il.
« L’écoute et le dialogue pourraient aider dans le processus de sortie de cette crise» , ajoute pour sa part Dr Mamadou Guissé, juriste enseignant chercheur à l’Université de Bamako. Selon lui, le président doit « écouter son peuple ». L’erreur sera de minimiser cette frange des Maliens, prévient l’universitaire. « L’une des solutions les plus idoines, c’est celle qu’on recherche et qu’on a toujours voulues. C’est que le président soit un président de tous les Maliens. Ce que le président arrête de minimiser son peuple, que le président arrête de jouer contre son peuple, que le président soit un président digne de ce nom », prévoit Mamadou Guissé.
D’autres observateurs proposent au président de la République de limoger le Premier ministre, de dissoudre l’Assemblée nationale et de mettre en place un gouvernement représentatif du peuple malien.
Ces observateurs mettent ces propositions sur la table alors que le M5-RFP a rejette ce mercredi au cours de sa conférence de presse, les résolutions de la CEDEAO. Le Mouvement de contestation prévoit « un mobilisation nationale » trois jours la fête de Tabaski.