La Plateforme des groupes armées qui a repris en août aux rebelles la localité d’Anéfis, a commencé ce week-end et a poursuivi ce lundi à retirer timidement ses troupes. Ce retrait répond à une demande insistante de Bamako et de la communauté internationale. Toutefois, certains spécialistes des questions du nord estiment que la Plateforme montre des signes de sa bonne foi, mais ne veut pas totalement partir d’Anéfis.
Sur place à Anéfis, le retrait est constaté. Mais il se fait graduellement pour ne pas dire timidement, selon des observateurs. Pour autant, la Plateforme a déclaré que » le début du retrait, est effectif « . Le rythme que prennent les opérations, s’explique par des problèmes logistiques selon ses responsables qui évoquent notamment » des véhicules en panne qu’il faut réparer et du carburant qu’il faut acheminer sur place « .
Dans un communiqué, le Mouvement d’autodéfense a annoncé sa décision de retirer ses troupes d’Anéfis » à la demande du Président de la République » et » à cause des exigences exprimées par la médiation internationale « .
Avant d’annoncer leur départ, les groupes armés de la Plateforme ont demandé dans un premier temps que la Mission de l’Onu au Mali, assure » la sécurité des populations d’Anéfis « . Toutefois la Plateforme se dit « soucieuse de la sécurité des populations et demande la libre circulation des biens et des personnes dans la région de Kidal ».
Pour l’instant, cette question de la sécurisation de la ville tout comme celle de la date du départ définitif ne sont toujours pas communiquées. Devant ces incertitudes, un certain nombre d’habitants sont en train de quitter la ville.
Pour beaucoup de spécialistes des questions du nord, « on a pas encore trouvé définitivement la solution d’Anéfis ». Pour eux, la Plateforme montre des signes de sa bonne foi, mais ne veut pas totalement partir d’Anéfis.
Serge Daniel est journaliste écrivain. Il est joint au téléphone par Mouhamadou Touré.
« Vous avez des trafics, vous avez des manœuvres, vous avez les luttes d’influence et des rivalités tribales qui plombent le processus de paix. Parce qu’après Anéfis, qu’est-ce-qui vous dit qu’ils sont pas intéressés ou d’autres sont intéressés par Imghalid par exemple. Donc il y a tout un calcul, il y a des calculs qui se font actuellement au niveau des groupes armés qui sont à Anéfis qui ne veulent pas totalement partir mais qui veulent montrer leur bonne foi. C’est à dire nous donnons le signal de départ, mais à partir du moment où nous donnons le signal du départ, de l’autre côté qu’est-ce qu’on nous donne ? Et c’est évident que l’autre après Anéfis va causer un problème. C’est comme Ménaka. Parce que le problème, c’est que lorsque les groupes d’autodéfense prennent des localités, cela a été le cas de, par exemple Ménaka, les populations locales approuvent en grande partie. Et donc le problème, c’est de se dire mais est-ce-que nous allons partir et laisser ces populations-là ? Ça pose un certain nombre de problèmes. Je crois qu’on a pas encore trouvé définitivement la solution d’Anéfis. A mon avis, pour ces éléments-là il n’est pas question que la CMA revienne à Anéfis. Pour eux, il n’en est pas question. Donc, il faut trouver une solution où il n’y a ni vainqueur ni vaincu ».