Dans son adresse à la nation hier dimanche, Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé que des mesures fortes seront prises « dans les prochains jours ». Cela dans le but de satisfaire les revendications formulées lors des dernières manifestations. Si le discours est diversement apprécié par la population, les responsables du Mouvement du 5 juin affirme que cette sortie du Président est un « non événement » et ne changera en rien le cours de leurs activités. Quant aux observateurs, c’est le système de gouvernance même qu’il faudrait changer et non un individu seulement.
Cette adresse du Président de la république était très attendue par les populations. Mais si cette intervention d’IBK a suscité de l’espoir chez certains, d’autres estiment que ce n’est qu’un discours de plus.« Non, son discours ne m’a pas convaincu. Il ne s’agit pas de parler mais de mener une action concrète dans les écoles pour que les enfants soient dans les dispositions d’apprendre », affirme cet habitant rencontré dans les rues de Bamako. Pour cet autre résident de la capitale « C’est un discours de concision et d’apaisement qui résume les maîtres mots qui minent le climat socio-politique malien ».
« Je pense que ce n’est pas suffisant. Je suis resté sur ma faim. J’attendais à ce qu’il nous dise qu’il va réduire son train de vie et celui du gouvernement.», déplore, cet habitant visiblement déçu.
Principal front de contestation contre le Président et son régime, le Mouvement du 5 juin- Rassemblement des forces patriotiques (M5RFP) est formel. Cette intervention « ne changera en rien leur détermination à réclamer le départ du chef de l’Etat». « Il ne s’agit pas de nous rappeler un problème, mais dire simplement qui sont responsables des problèmes et quelles solutions à ces problèmes », a martelé Issa Kaou Djim, coordinateur de la CMAS (la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko). « L’école est fermée, la sécurité s’est détériorée, les deniers publics sont détournés, les élections législatives ont été à la limite des nominations. C’est lui et son Premier ministre qui en sont responsables. Je pense qu’il n’a rien dit de nouveau, c’est un non événement pour nous», a-t-il lancé.
Après cette sortie du président de la république, les regards sont maintenant tournés vers la primature où la composition du nouveau gouvernement est attendue.
« Le message que le président renvoie ressemble plus à des souhaits qu’à des solutions », estiment certains observateurs. Selon eux, pour songer à la stabilité du pays, c’est le système de gouvernance même qu’il faudrait changer et non un individu seulement.
Boubacar Bocoum est politologue. Il est au micro de Faty Yattara.