La situation est toujours tendue à Anéfis. Le retour de la CMA dans la ville depuis vendredi dernier fait révolter beaucoup de personnes. En attendant, la Plateforme menace de retourner à Anéfis, si la Coordination ne quitte pas la ville. Elle dénonce la reprise des exactions.
La Plateforme a confirmé hier le retour de la CMA à Anéfis, avant d’ajouter que « les combattants de la Coordination ont tué un des siens, un civil ». Le mouvement d’autodéfense a aussi menacé de partir à Anéfis. Parce que, selon la Plateforme, « même quand la Minusma est là-bas, on tue les gens ».
Pour sa part le Gouvernement malien a, dans un communiqué, « condamné avec fermeté l’occupation à nouveau d’Anefis par la CMA ». Bamako demande donc à la CMA « de procéder dans les meilleurs délais et sans conditions au retrait de ses combattants d’Anefis ». Les autorités du Mali ont aussi appelé la Minusma « à assumer toutes ses responsabilités conformément à son mandat ».
De son côté, la Minusma a également, dans un communiqué, déploré le retour de la Coordination à Anefis. Dans le document, la Minusma exhorte la Plateforme et la CMA à revenir sur leurs intransigeances. Elle souligne qu’ils devront « assumer leurs responsabilités pour toute détérioration ultérieure de la situation sécuritaire sur le terrain ».
Pour le moment la question qui reste sans réponse est pourquoi la Minusma ne s’est pas opposée au retour de la CMA à Anéfis ?
La CMA, elle, compte bien rester à Anéfis. Pour la Coordination, « Anéfis était une de leurs positions initiales avant la signature de l’accord ». Cependant ses responsables affirment que « c’est la Plateforme qui a tué le civil qui est mort avant-hier à Anefis ».
Ambery Ag Rhissa est le chargé de communication du MNLA, membre de la CMA. Il est joint au téléphone par Ayouba Sow :
« La Plateforme n’a pas à revenir à Anefis. La Plateforme est restée à Anefis de juin 2013 jusqu’en mai 2014. Et pendant cette période d’un an, elle a mis la population d’Anefis à feu et à sang. Si malheureusement la Plateforme retourne à Anefis, malheureusement nous serons obligés de saisir encore la communauté internationale pour dire que tous les accords sont violés. La CMA même ne comprend pas pourquoi on lui demande de quitter Anefis, parce que c’était sa position. Je ne pense pas que le fait de remettre le pied chez soi soit une anomalie. Parce que pour tous les accords qui ont été signés jusqu’ici, advienne aux parties de garder leurs positions initiales, de ne pas chercher à occuper de nouvelles positions jusqu’à ce qu’on mette l’accord en exécution. En ce moment-là toutes les positions seront caduques, lorsque l’accord sera entièrement appliqué ».
La demande de la communauté internationale aux différentes parties de retourner aux positions qu’elles occupaient le 20 juin dernier ne signifie pas que ceux qui ont été chassés d’une localité peuvent revenir dans cette ville. C’est la déclaration faite ce matin par le ministre malien de la reconstruction du nord sur RFI. Selon Hamadoun Konaté, « rien ne peut mettre en cause la mise en œuvre de l’accord de paix ».
Le ministre Konaté au micro de nos confrères de RFI.
« La communauté internationale a demandé que chacun reste dans ses positions, mais elle n’a pas demandé que celui qui a été chassé d’une position revienne occuper cette position. Donc nous condamnons cela fermement et nous demandons maintenant à la communauté internationale et surtout au médiateur d’appliquer et de faire appliquer le plan de règlement. Nous demandons même que la mise en place de patrouilles mixtes soit avancée. Mais que la Minusma qui est présente aujourd’hui au niveau d’Anéfis prenne toutes les dispositions en rapport avec toute autorité compétente pour que Anéfis soit libre de la présence de tout mouvement armé. Je sais aussi que la Minusma n’a pas vu le retour de la CMA à Anéfis d’un bon œil. Rien ne peut remettre en cause la mise en œuvre des accords. Je crois que ça fait partie des illusions et des lubies qu’il faut mettre de côté. Bon gré mal gré, les accords seront mis en œuvre. C’est les amis de la paix qui prospéreront, les ennemis de la paix seront combattus ».
Selon le ministre Hamadoun Konaté, « la non-tenue des élections ne dépendra pas de cette situation ». Le ministre de la reconstruction du nord a affirmé que le gouvernement est « favorable à un examen bienveillant, des difficultés évoquées par les partis politiques et la société civile, qui pourrait même déboucher sur un report des élections ».
En attendant, le retour de la CMA à Anefis suscite beaucoup de réactions. A Bamako, la population estime que c’est « une violation de l’accord de paix ». Certains craignent même « le retour à la case de départ ».