La pratique de l’excision reste une réalité au Mali malgré les efforts de l’État et ses partenaires. Selon l’ONG Global Media Campaign 73% des filles de zéro à 14 ans et 99% des femmes de 15 à 45 ans sont excisées au Mali. Des chiffres communiqués à la faveur de la journée internationale de lutte contre l’excision célébrée ce jeudi 6 février. Le thème choisi pour cette année est « assurer l’atteinte de l’objectif : tolérance zéro aux mutilations génitales féminines en 2030 ».
Dans les services de gynécologie au Mali, les problèmes liés aux conséquences de l’excision sont les plus traités, nous dit Djimé Kanté consultant à Global Media Campaign. Selon lui, sur 1000 femmes consultées dans les services de gynécologie, 99% souffrent des conséquences de l’excision. Et c’est pendant les échanges avec les médecins, que le lien est établi. « Ces femmes viennent en consultation, et c’est quand elle explique leur problème aux médecins, qu’on découvre que le problème qu’elles ont est lié à l’excision », explique-t-il.
La pratique de l‘excision peut provoquer plusieurs problèmes chez la femme et peut même conduire parfois à la mort. « Les conséquences peuvent être physiques médicales. Elle peuvent aller de l’hémorragie à la stérilité et même souvent à la mort. On a aussi les conséquences psychologiques qui peuvent aller de la folie à la dépression et qui peut conduire au suicide dans certains cas», explique Kanté Oumou Salif Touré, coordinatrice pays de Global Media Campaign.
Grâce aux efforts de sensibilisations des autorités et des organisations de lutte contre les mutilations génitales, plusieurs exciseuses se sont engagées à abandonner la pratique. Dans la région de Koulikoro, plusieurs pratiquantes ont décidé de déposer les couteaux. Parmi celles-ci, Sangaré Kouradjè Traoré. L’ancienne exciseuse à Dioïla, nous raconte sa mésaventure. « J’ai vécu une mauvaise expérience dans un village. Ce jour, j’ai excisé plus de 30 filles. Il y avait une fille parmi elles qui a perdu trop de sang. De l’après-midi jusqu’à minuit, elle saignait. Moi-même je me mis à pleurer, tellement que j’étais désemparée, je pensais qu’on allait m’emprisonner. ».
Aujourd’hui, des efforts de sensibilisation ont permis de lever certaines ambiguïtés sur le sujet. Il s’agit notamment de la recommandation de la pratique par l’islam. Un argument qui n’est plus défendu aujourd’hui par des religieux. Cependant, la lutte contre la pratique de l’excision a encore du chemin devant elle.