Le Conseil de sécurité des Nations unies tire la sonnette d’alarme dans son rapport trimestriel Il a été rendu public ce mercredi 15 janvier 2020. Le document indique que la situation sécuritaire et politique du Mali « se détériore à un rythme alarmant sur fond de lents progrès dans le processus politique ». Selon le rapport, l’état de la sécurité demeure « très préoccupant » dans le Nord et le Centre, du fait d’une précarité et d’une complexité grandissante. Ce rapport intervient au moment où une quinzaine de personnes ont été assassinées hier (16/01/2020) dans le cercle de Douentza.
Au total 15 civils, dont une petite fille, sont victimes de cette attaque. Elle est survenue aux environs de 2 heures du matin dans le village de Sinda situé à 14 km de Douentza. Selon des sources locales, des hommes armés non identifiés ont fait irruption dans le village pendant que les habitants dormaient. Certains auraient été abattus par balle et d’autres égorgés dans leur sommeil, rapportent les mêmes sources. La psychose s’est installée dans les autres localités, les populations s’inquiètent de la présence des hommes armés dans la zone.
Pr Ali Nouhoum Diallo, membre de l’Association « Tabital Pulaaku », dénonce l’attitude des forces de défense qui seraient, selon lui, basées à 12 km du village attaqué et « qui n’ont rien fait pour protéger les habitants ». « Il est quand même surprenant qu’à douze kilomètres de Douentza, où il y a l’armée malienne, une opération se déroule à peu près de minuit jusqu’à 3 heures du matin et que personne ne vienne au secours de la population », a déploré l’ancien président de l’Assemblée nationale chez nos confrères de RFI. Et M. Diallo d’ajouter que « c’est uniquement des civils qui ont été tués ».
Cette attaque intervient quelques jours après la publication du rapport trimestriel de l’ONU. De ce document, il ressort que l’état de la sécurité dans le Nord s’est dégradé et a gagné en complexité. Il indique que dans la région de Gao, une infiltration constante de groupes terroristes armés a été constatée, à tel point que certains interlocuteurs ont comparé la situation à celle de 2012.
Ce rapport précise également que la situation au Centre demeure « complexe » avec des violences inter-communautaires dans les cercles de Bandiagara, Bankass et Koro.
« En l’absence d’autorité de l’État et du fait de la prolifération des groupes terroristes, les milices d’autodéfense restent actives et refusent de se dissoudre ou de déposer les armes. Car elles estiment être les seules à pouvoir assurer la sécurité de leurs populations au centre du pays ».
Le document parle aussi d’ « une augmentation du nombre d’attaques » contre les convois onusiens par engin explosif improvisé.
Sur le plan politique, le secrétaire général regrette « le retard enregistré » dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, s’indignant surtout du report des décisions importantes à cause de désaccords entre les parties signataires ou en leur sein. Toutefois, il reconnaît que des avancées ont été enregistrées sur le plan politique comme le dialogue national inclusif ténu à Bamako le 22 décembre dernier.