Douze jihadistes présumés ont été récemment arrêtés dans le centre du Mali et transférés à Bamako. L’annonce de ces arrestations intervient au moment où l’armée malienne vient de lancer une vaste opération dans cette région.
Les douze jihadistes ont été arrêtés la semaine dernière dans la région de Mopti. Selon des sources sécuritaires, parmi eux, certains sont accusés d’avoir posé des mines qui ont tué le mois dernier des militaires vers la localité de Ténenkou. Toujours selon les mêmes sources, « des complices ont voulu mener une opération pour les libérer avant leur transfert sur Bamako ».
Une autre source militaire malienne rapporte que « tous ces présumés terroristes arrêtés sont membres du Front de libération du Macina dirigé par le prédicateur radical peul Amadou Koufa. « Tous sont arrivés sous bonne garde à Bamako depuis le lundi », ajoute les services chargés de l’enquête. Leurs interrogatoires ont commencé pour obtenir des détails, et des informations sur leurs activités.
Ces arrestations interviennent au moment où l’armée malienne a lancé une vaste opération dans une partie de la région de Mopti, pour « traquer » les jihadistes, et assurer la sécurité des biens et des personnes. Baptisée « opération Seno », la patrouille doit durer trois mois « avec les moyens nécessaires », selon le ministère de la Défense.
La semaine dernière, des élus locaux s’étaient retrouvés à Bamako pour « interpeller les autorités » sur la sécurité de leur région . Ce déplacement dans la capitale a fait suite à l’assassinat d’un de leurs collègues dans le cercle de Bankass. Pour un député de la région de Mopti, cette initiative doit être saluée , car elle va permettre selon lui, « le retour des populations qui s’étaient déjà réfugiées dans les grandes agglomérations ».
Le parlementaire souhaite cependant le maintien d’un détachement militaire sur place pour sécuriser durablement les zones menacées. Les populations du Nord et du centre du Mali sont régulièrement victimes d’attaques ou d’embuscades terroristes. Dans la région de Gao, ancien fief du groupe jihadiste MUJAO, les attaques contre les civils n’ont pas baissé d’intensité.
A Mopti, au centre du Mali, la menace du Front de libération du Macina est toujours réelle. La semaine dernière les forces armées maliennes appuyées par les forces Barkhane ont pu démanteler un réseau de présumés terroristes dans la région de Tombouctou lors d’une opération similaire.
La sécurisation des régions du nord du Mali passe par un contrôle rigoureux de la circulation des armes et des conditions d’approvisionnement dans cette partie du pays selon le chercheur André Bourgeot. Invité de l’émission Grand dialogue d’hier, il a estimé que la sécurité dans le septentrion malien restera compliquée tant que les groupes armés pourront se procurer facilement des armes. André Bourgeot, chercheur au CNRS en France , spécialiste du Sahel :
« Je crois que le problème de fond est le suivant : le problème de la circulation des armes. Quelques soient ces armes là, à partir du moment où, il y a des groupes identifiés ou non identifiés qui peuvent se procurer des armes, cela fait en sorte qu’effectivement, les conditions de contrôle sur la circulation des armes n’existant pas, n’importe quel groupe qui possède un peu d’argent peut se procurer des armes, parce que dans le contexte du septentrion, c’est la porte ouverte à tout type d’activité, y compris des activités de type criminelles. Donc, le problème majeur, c’est, est-ce qu’il y a possibilité de contrôler la circulation des armes, donc les conditions d’approvisionnement. Est-ce que les forces de sécurité que ce soit Barkhane, la Minusma ou les différents groupes armés ont capacité à contrôler cette circulation des armes ? Donc, s’il n’y a pas possibilité d’enrayer de manière significative la circulation des armes, on sera toujours confronté à ce type de pratique ».