La semaine dernière, le président de la République IBK « avait accusé un membre de l’opposition d’avoir voulu saboter sa visite d’État en France ». Suite à ces déclarations, les partis politiques de l’opposition ont animé ce matin une conférence de presse à Bamako. Selon les organisateurs, cette rencontre avait pour but d’informer l’opinion nationale sur « la menace que le Président de la République et son gouvernement font peser sur les libertés démocratiques ».
Le collectif des partis de l’opposition « condamne fermement le comportement du Président IBK et de son gouvernement ».
Me Hamidou Diabaté, vice-président du Parti pour la renaissance nationale (Parena) au micro de Idrissa Sako :
« Nous pensons que l’acte posé par le Président de la République et le gouvernement, au-delà même de la personne de Tiébilé, est un acte qui contrarie la loi. C’est un acte qui contrarie la démocratie. C’est à ce titre que nous devons réagir pour dire que nous n’acceptons pas les intimidations, nous n’acceptons pas qu’on nous fasse peur.
Nous pensons que nous ne pouvons pas être suspects d’apatridie. Tiébilé n’a fait qu’exercer ses droits constitutionnels en critiquant, puisque la loi nous dit que c’est un devoir pour l’opposition de critiquer l’action gouvernementale. Nous n’avons fait que critiquer l’action gouvernementale, et le chef de l’Etat trouve inacceptable que nous critiquions l’action gouvernementale.
Notre souci est de corriger la gouvernance de notre pays et nous avons l’obligation de participer à la correction de la gouvernance de notre pays.
Tiébilé a critiqué l’action politique, une action politique de gouvernance. Il n’y a rien de personnel dans les critiques que le Parena a eu à faire ni contre le président de la République, ni contre un ministre, c’est simplement une critique pour améliorer le fonctionnement de notre pays, parce que nous subissons les conséquences de toute la mauvaise gouvernance ».
La majorité présidentielle déplore aussi la réaction du Président de la République. Selon ses responsables, le Président IBK avait de meilleures réactions à faire. Ils estiment que les Maliens n’ont pas besoin aujourd’hui d’un jeu politique.
Sory Ibrahima Traoré est secrétaire général de l’Alliance Démocratique pour la Paix « ADP Maliba », membre de la majorité présidentielle. Il est joint par Ayouba Sow :
« Par rapport à la réaction du Président de la République, nous avons pensé qu’il y avait de meilleures actions à faire. Et nous, nous ne pensons pas que la majorité soit démunie des moyens de répondre par des actes concrets aujourd’hui à toute tentative de sabotage ou de déstabilisation du régime. A la matière, nous pensons que les faits, les actes concrets sont plus éloquents que les mots. Maintenant, cela s’est produit, nous avons appelé l’ensemble de la majorité présidentielle à la retenue dans un article qui a été publié dans la presse.
Pour nous aujourd’hui, le peuple Malien a besoin de signer contraire. Le peuple n’a pas besoin d’un jeu politique. Il y a meilleur à servir au peuple Malien. Au-delà de ça nous comprenons aussi la réaction de l’opposition. Nous avons décidé vraiment d’aller dans le sens de l’état de droit, la libre association et la liberté d’expression. Donc, si les citoyens se sentent frustrés ou vexés dans leur droit, ils sont en droit de se regrouper et de répondre à cela ».
Pour certains analystes, « le président IBK devrait s’entretenir avec les Maliens sur le bilan de sa visite d’État à Paris au lieu de répondre aux critiques de l’opposition ». Ces observateurs affirment que « l’opposition est dans son rôle d’apporter des commentaires aux actions gouvernementales ». Ils estiment donc que, « c’est la majorité présidentielle qui devait répondre à l’opposition ».
Baba Dakono est chercheur. Il est joint au téléphone par Ayouba Sow :
« Il n’y a rien de nouveau dans ces tracts. Ce qui n’est pas dit, que ça soit au Mali ou que ça soit en France, l’opposition a joué son rôle en apportant ses commentaires sur ce que le Président de la République et certaines personnes de son entourage estimaient être une réussite politique. La réponse serait venue de la part de la majorité présidentielle, de façon systématique on aurait pensé que c’est un débat politique, et ce qui serait tout à fait normal. Mais que cette réponse vienne d’abord du Président de la République, ensuite du gouvernement, c’est déplorable. Et ce n’est pas ce qu’on peut qualifier de débat entre l’opposition et la majorité. Il y a certaines situations sur lesquelles le président devrait entretenir le peuple malien aujourd’hui. Beaucoup de Maliens espéraient qu’avec cette visite du président il y aurait eu des retombées notamment sur la situation à Kidal, qui devrait évoluer à travers cette visite. Donc, IBK devait partager cette proposition qui a été faite d’abord aux bailleurs à l’OCDE et à la France ».