Transparency International vient de rendre public le rapport de son sondage sur la corruption en Afrique et au Mali. Selon ce document , 30% des personnes interrogées au Mali affirment avoir versé des pots de vin à des agents publics et en l’occurrence à des policiers. 56% des personnes interrogées pensent que « le gouvernement ne lutte pas suffisamment contre le phénomène ».
Les chiffres ont été révélés par le dernier rapport People and Corruption «Africa Survey 2015». Le document a été rendu public le 30 novembre dernier. Selon ce rapport, 75 millions d’ Africains déclarent avoir versé un pot-de-vin au cours de l’année dernière. Au Mali, la police est présentée comme le secteur le plus corrompu. Les membres du Gouvernement arrivent en troisième position, suivis à la cinquième place par les juges et les magistrats.
Les parlementaires arrivent en 6ème position, alors que la Présidence de la République se classe au 8ème rang. Les chefferies traditionnelles et les leaders religieux ne sont pas épargnés. Et le rapport de constater que « les victimes, restent les populations ».
Au Mali, 58 % des personnes affirment que « la corruption a augmenté au cours des 12 derniers mois et 56% pensent que le gouvernement ne lutte pas suffisamment contre le phénomène », révèle le rapport de Transparency.
Toujours au Mali, environ 30% des personnes interrogées disent avoir versé des pots de vin à des agents publics et en l’occurrence des policiers.
Au niveau des écoles et hôpitaux entre 31 et 41%, ont eu recours à ces pratiques. Entre 18 et 30% des personnes ont pratiqué la corruption pour obtenir « des documents administratifs : cartes d’identité, permis de conduire».
Pour un certain nombre d’économistes, « ce rapport est inquiétant et démontre l’échec des politiques mises en œuvre pour lutter la corruption au Mali ». Selon eux, « il faut activer les mécanismes de répression contre la corruption » pour témoigner d’ une réelle volonté politique dans la lutte contre ces pratiques. Etienne Fakaba Sissoko est économiste, chargé de cours à l’Université de Bamako. Il a été joint par Barké Cissé :
« Lorsque vous prenez les agents de la police qui viennent en tête de ce classement, ce sont ceux là qui sont responsables de la petite corruption. Les membres du gouvernement arrivent en 3ème position. Cela montre bien évidemment que les politiques qui ont été mises en place, notamment la loi contre l’enrichissement illicite votée par l’Assemblée nationale, ne peut pas être appliquée. Lorsque vous prenez les mesures de lutte contre la corruption, vous avez principalement deux mécanismes : c’est d’abord la sensibilisation à travers le vote d’une loi réglementaire. Cette sensibilisation n’a pas porté ses fruits. Il faut passer à la seconde étape qui est la répression. Dans les mécanismes de répression ce sont les magistrats qui doivent jouer un rôle primordial. Et les juges sont malheureusement cités dans ce rapport. Cela montre que les acteurs qui doivent intervenir dans la lutte contre la corruption, sont ceux-là qui sont responsables de cette situation de corruption. Donc aujourd’hui le citoyen malien se pose véritablement la question de savoir si on a une politique cohérente de lutte contre la corruption, si les acteurs qui sont en charge de cette lutte sont honnêtes dans la mise en œuvre de cette politique, et troisièmement si la volonté politique qui doit être mise en avant dans cette lutte est vraiment affichée par nos autorités ».