Le 15 mai 2015, le gouvernement du Mali et certains groupes armés du nord signaient l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Ils seront rejoints un mois plus tard, précisément le 20 juin 2015 par d’autres mouvements armés qui s’engagent en faveur du document. Cet engagement a constitué une lueur d’espoir pour le retour de la paix et la réconciliation dans le pays. Mais quatre années après, les acteurs conviennent que la situation sur le terrain ne s’est pas améliorée.
Pour Brahim Ould Sidaty, président de la Coordination des mouvements de l’Azawad « l’accord pour la paix et la réconciliation s’est heurté à une mauvaise interprétation de certains Maliens ». Selon lui, il faut faire comprendre à l’opinion nationale que cet accord n’est pas fait pour une communauté ou une partie du pays au détriment d’une autre. « Quand vous regardez aujourd’hui la révision de la constitution seulement, les Maliens ne sont même pas tous unis par rapport à ça. Pour certains cette révision a pour unique objectif la mise en œuvre de l’accord. Et vous voyez comment la classe politique et la société civile sont divisées par rapport à cette révision de la constitution, l’armée la même chose. Cela veut dire que les Maliens n’ont pas pris conscience que cet accord est fait pour le Mali », déplore le président de la CMA
Le président de la CMA estime cependant que « la révision de la constitution, la reconstitution de l’armée nationale prenant en compte toutes les parties et la création d’une zone de développement dans le nord du pays » sont trois objectifs essentiels prévus dans cet accord. Et selon lui, l’atteinte de ces objectifs serait « une grande avancée dans sa mise en œuvre »
Du côté de la Plateforme autre partie signataire de l’accord pour la paix et la réconciliation, les responsables dénoncent le manque de sincérité de certains acteurs dans le processus de paix. « Je pense qu’il y a l’application de l’accord dans un seul sens, c’est-à-dire que l’Etat applique l’accord mais certains groupes armés continuent leur collusion avec les terroristes », affirme Fahad Almahmoud, un des responsables du mouvement. Aussi, ajoute-t-il l’ordre de mise en œuvre de l’accord a été inversé. « L’application de l’accord devait commencer par le désarmement et les questions sécuritaires, mais on a interverti et commencé par la fin, c’est-à-dire, les questions politiques et institutionnelles », explique le secrétaire général du groupe d’auto-défense GATIA. Ce qui rend sa mise en œuvre difficile, selon lui.
L’accord pour la paix et la réconciliation a été signé le 15 mai et le 20 juin 2015 sous l’égide de la communauté internationale. De cette date à nos jours, 4 années se sont écoulées, mais l’insécurité n’a pas baissée, d’intensité, les affrontements entre groupes armés et les attaques terroristes n’ont pas cessé, bref la paix n’est pas revenue.
A Gao, dans le nord du Mali, la société civile impute les retards dans la mise en œuvre de l’accord à un manque de volonté des parties signataires. Selon Issa Arboncana Maïga, membre de la société civile, il faut encore expliquer l’accord aux populations afin qu’elles puissent mieux comprendre et y adhérer. Toutefois, il estime que l’accord a permis d’obtenir quelques résultats.
Issa Arboncana Maïga, membre de la société civile de Gao