Le bras de fer entre le gouvernement et les enseignements signataires du 15 octobre se poursuit. Ces derniers viennent d’ailleurs de durcir le ton. Selon leurs responsables, la synergie des syndicats ne sera plus à la table des négociations si leurs salaires ne sont pas payés. Au même moment, l’AEEM a renouvelé son mot d’ordre de grève de 48 heures aujourd’hui en soutien aux enseignants. Mais la méthode et le choix sélectif des écoles privées à faire sortir suscitent bien des questions chez certains parents d’élèves.
« Nous suspendons notre participation à la commission de conciliation jusqu’à ce que l’État nous paie nos arriérés de salaires », affirment les enseignants grévistes. Selon eux, même si la loi autorise la rétention de salaires, les jours pendant lesquels les enseignants étaient en classe doivent être payés. Mieux, expliquent-ils, « on ne peut retenir plus d’un tiers du salaire d’un travailleur ».
Cette annonce intervient quelques jours après l’échec des négociations avec le Premier ministre. Au cours de cette rencontre, le principal point de discussions a été la prime de logement. Et le « gouvernement n’a fait aucune proposition concrète », regrette la synergie des syndicats signataires du 15 octobre 2016.
Tel un durcissement de la grève, l’Association des Élèves et Étudiants du Mali, AEEM, a décrété un nouveau mouvement de grève 48 heures. Ce matin 20 mars 2019, elle a demandé à toutes les écoles publiques et privées de fermer. Mais selon le constat sur le terrain, certaines écoles privées sont épargnées. L’AEEM fait-elle le jeu des enseignants ? Pourquoi ces écoles sont épargnées ? Qu’est-ce qui explique le choix sélectif des écoles privées à faire sortir ? Difficile de répondre à ces questions et à bien d’autres. Joint par notre rédaction, le secrétaire général de l’AEEM exprime son agacement face à ces questions, et ne souhaite pas répondre à nos sollicitations.
Face à cette situation, des observateurs s’interrogent sur la stratégie de l’AEEM.
Ces différentes grèves de l’AEEM et des enseignants préoccupent de plus en plus les organisations de défenses des droits de l’Homme. Selon elles, ces arrêts de travail respectifs constituent « une violation des droits des enfants à l’éducation ». Amnesty international dénonce cette situation et appelle les enseignants et le gouvernement à trouver une solution rapide à cette crise.
Ramata Guissé, directrice exécutive adjointe d’Amnesty International Mali :